Bien sûr que le Cercle existe, c'est parce qu'il est magique que tu ne vois pas.Muriel A a écrit :Mais pour le compte, ça heurte mes habitudes de jeu à la française, dans lequel le cadre et l'unité de temps et lieu séparent le jeu du monde réel. Alors sans doute le système a-t-il ses limites (je sais, le Cercle magique n'existe pas vraiment en fait), mais j'apprécie le fait qu'on se situe tout de même dans le cadre d'un accord tacite orga-joueur-joueurs entre eux, impliquant - entre autres - respect de règles, de la sécurité et de l'intégrité physique d'autrui et fairplay.
Le cercle magique, Thomas, c'est (en gros) les éléments qui te permettent de savoir que tu es dans un jeu. Lieu, temps, personnages, règles entre autres pour le GN.
Je pense que les questions éthiques que tu poses, Mu, sont les mêmes que celle qui se posent pour le théâtre invisible : il s'agit de mentir aux gens, ou en tout cas de ne pas leur dire la vérité (que c'est un jeu, que c'est pour de faux).
Dans un jeu où on imite la réalité, comme The White Road, il y a le côté pour moi "tourisme de la misère", c'est à dire se sentir proche de la condition d'une personne pauvre, droguée, tout ça. Le faire en plus dans un cadre pervasif (dans la vraie vie quoi) rend les choses plus fortes, j'imagine, on se sent peut-être acteur d'une dénonciation sociale. Il y a quelque chose de théâtral là dedans, sans nul doute. et de politique.
EDIT : Politique est à différencier ici de militant. Le but du théâtre invisible est souvent militant (message politique, activisme), là je parle de posture engagée dans l'espace public, en étant conscient de la mise en scène. Pour moi c'est politique (merci à Leila qui m'a amenée à faire cette précision), même si le but est ludique ou immersif.
Après, il y a toujours la question de la légitimité, "à la fin du jeu, on pose le costume sur le clou et on retourne à notre vie confortable, alors que celui qu'on a imité/incarné/singé toute la journée lui ne peut pas". Mais je pense que c'est une question un peu nulle. Tout d'abord parce que se confronter à des expériences, quelles qu'elles soient, si c'est bien fait, est toujours enrichissant. Il peut y avoir un enjeu anthropologique pour moi là dedans : on essaie de toucher l'humain, les 99,1% qu'ont a tous en commun, en essayant de s'ouvrir au 0,9 qui restent.