Pour essayer de contribuer au débat de façon un peu moins merdique :
Je pense comme d'autres que le genre est en effet largement constitutif de la personnalité.
Un joueur n'oblitère jamais totalement sa personnalité lors de l'interprétation d'un rôle, et tant mieux. C'est justement son apport, sa sensibilité, son ressenti, qui enrichissent un rôle donné, créé par autrui, pour aboutir à un personnage original.
Je ne dis pas qu'il est impossible de s'extraire de son genre dans le cadre de l'interprétation d'un rôle. Mais je pense également que c'est une exploration beaucoup plus lointaine, complexe et exotique que, par exemple, un personnage "simplement" doté de valeurs différentes ou évoluant dans un contexte différent.
Je pense également que cette exploration est bien assez complexe pour justifier, à elle seule, qu'on pense un GN autour de la question du genre et de l'expérience de vivre dans la peau d'un personnage d'un genre différent.
Ce faisant, on s'assure que les participants manifestent au moins de l'intérêt pour la question, et prennent au sérieux la métamorphose éphémère attendue d'eux, sans sombrer dans la caricature.
Logiquement, dans un GN lambda, je ne vois pas l'intérêt de la démarche, hormis pour quelques personnages isolés justement construits autour de cette question, un Eon ou une Oscar, par exemple, au terme d'un casting rigoureux, et en accord avec le joueur concerné.
Puisqu'on cite Mad about the boy, si ce n'était pas si loin et si incompatible avec l'emploi du temps du moment, je tenterais l'expérience (même si ça implique que je doive me raser la barbe, ce qui est pourtant une limite personnelle normalement infranchissable

).
La question du genre me semble moins cruciale, dans ce jeu, que celle de la maternité ou de l'identité féminine, qui demeurent des problématiques très sinon davantage exotiques que le genre, pour un mâle comme moi. Sans jugement de valeur ni à priori, seulement en conscience de ma propre capacité de jeu, c'est quand même une purée de défi.
De là à militer, comme j'ai parfois l'impression que Leïla le fait, pour une abolition du genre dans les GNs, qu'il s'agisse de l'adéquation joueur/personnage ou du contexte historique ou social, non. Le genre d'un joueur c'est aussi son corps, et le corps marque la frontière entre l'espace social/ludique et l'intimité. Libre à chacun de franchir cette frontière sans contrainte, ni pression, ni exigence extérieure. Dans cette perspective, la question du genre n'est pas différente de la simulation de la violence, de la nudité ou de l'ambition de proposer un jeu fortement pervasif. On ne saurait l'interdire si tous les participants adhèrent, de façon éclairée, au projet de jeu correspondant. Mais on ne saurait non plus l'imposer à qui que ce soit.