Lila a écrit :"c'est normal que dans ta position dominante tu ne perçoives pas l'intérêt de cette approche"
Voilà
Pareil que Lila. Quand je suis dans un groupe mélangé qui discute, les hommes blancs de plus de 30 ans etc prennent plus de temps de parole que les autres (#notallmen, je sais, mais en moyenne c'est flagrant, et dans plein de cercles différents). Qu'ils disent de la merde ou des trucs géniaux, ils sont écoutés plus en silence et moins interrompus par les autres. Et parfois ils le nient jusqu'à ce qu'on sorte un minuteur.
Donc si le formalisme c'est déjà juste "1 tour de table, x minutes par personne maximum, et on n'interrompt pas celui qui parle, même si il parle de nous", ça peut faire des miracles pour rééquilibrer les temps de paroles.
Je suis aussi pour le debrief informel où on pourra tous reprendre nos situations de dominations de tous les jours, lors d'une bouffe ou d'une fête, mais je veux qu'on ait eu le formel d'abord. Plein de vérités et d'idées géniales pour les GN suivants sortent une bière à la main en se baladant de groupe en groupe.
En tant que joueur, je déteste les débriefs longs où les joueurs racontent ce qu'ils ont fait, ou quand les orgas nous relisent tout leur scénar. Et je déteste qu'on me demande d'aborder certains trucs vraiment persos. Donc tant qu'il est clairement expliqué que parler, participer à tel ou tel atelier, ou répondre à telle question est optionnel, tout va bien. En debrief de GN nordique en Scandinavie ma réponse a parfois été "ça ça ne vous regarde pas", et on est passé à autre chose. Proposer, pas imposer.
Et comme Steve j'ai besoin d'un moment avec les personnes avec qui j'ai eu des scènes tendues, pour voir comment ça va hors jeu. En Allemagne les joueurs sont très bons pour arrêter rapidement un combat en cas de coup un peu violent, vérifier que l'autre est OK et reprendre. Parfois on ne peut pas le faire à cause de scènes ultra rapides et avoir 5 minutes avec la personne dont on a agressé le perso en jeu est hyper important, que ce soit social comme décrit par Steve, ou physique.
En tant qu'orga, j'aime recevoir les impressions à chaud car:
- je sais qu'elles sont plus dans l'émotion, les ressentis corporels, les réflexes etc. Quand le cerveau des joueurs aura du temps pour processer il me sortira des trucs plus intelligents, plus fins, plus utiles pour améliorer ma créations, mais moins "honnêtes"
- je sais qu'elles sont biaisées positivement. Parce que déjà quand tu invites des gens à bouffer peu de personnes vont te dire en face "ton repas était dégueu", dès qu'ils viennent de finir le café. Alors tu imagines quand tu as eu l'honneur d'être casté sur un GN

. Et en général en fin de GN en tant qu'orga je suis crevé et entendre des trucs biaisés positivement ça me fait du bien. C'est mon deroling d'orga à moi

.
- à cause des deux points ci-dessus, les trucs négatifs ou plutôt "le truc que j'ai vécu pendant le GN que je voudrais vivre moins souvent en GN"

sont vraiment intéressants car si une personne ressent le besoin là tout de suite de me le dire en face, c'est que ça l'a marquée donc c'est vraiment un truc à améliorer.
Et j'aime les impressions à froid aussi, parce qu'en plus du temps qui fait des merveilles, certaines personnes sont plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral, donc ça équilibre aussi par rapport aux tchatcheurs. J'aime aussi le debrief buddy car dire à un autre joueur comment ça va une ou deux semaine plus tard c'est moins de pression que faire un retour à un orga.
Pour ce qui est du débrief qui aiderait à gérer un éventuel trauma, je n'y crois pas trop vu l'incompétence du GNiste moyen en la matière. Je préfère de loin un jeu ayant communiqué clairement ses intentions, avec safewords, salle hors-jeu etc bien testée avant le jeu et dispo pendant le jeu, que quelqu'un qui essaierait de réparer les pots cassés à la fin lors de séances de confessions intimes. Mais je veux aussi pouvoir avoir un moment préservé, privilégié, à la fin, pour que ceux qui ont quelque chose à dire puissent le dire avant qu'on charge les bagnoles. Que ce soit "merci" ou "petit rappel, lêcher la peau de participant.e.s sans leur consentement c'est pas du roleplay c'est une aggression". Cette dernière phrase n'a pas été dite lors du debrief du jeu en question (où je n'étais pas) car il n'y avait pas de moment ou de cadre privilégié pour le dire, mais lors d'un "atelier sur les ateliers" dans une convention, ou justement j'avais bloqué du temps pour que les gens puissent parler de sécurité avec la garantie de ne pas se faire interrompre. Il n'y a pas eu d'enquête etc, par contre l'orga du GN a été mis au courant de la situation et lors du *briefing* de la suite de ce GN, le rappel a été fait clairement par l'orga.