même si je connais un Frédou qui va bondir et affirmer le contraire
Les gens font bien ce qu'ils veulent, et franchement, je n'ai aucun souci avec ces différentes façons de voir les choses. Si je crois plus fermement à l'une, c'est que je la vois, du moins appliquée sérieusement, donner des résultats bien meilleures et que je peux facilement expliquer pourquoi.
Nous fabriquons du plaisir et autant que possible il faut le garder à l'esprit. Si notre délire créatif ne procure de plaisir qu'à l'orga, c'est qu'il est à coté de l'objectif.
Mouarf...

Il n'y a aucun rapport entre écrire un jeu à ses gouts, et écrire un jeu dont l'orga serait le seul à tirer du plaisir. Ca n'a pas du tout le même sens, ce n'est pas du tout la même problématique. Le plaisir du joueur est toujours l'objectif, et on va l'atteindre justement plus facilement que l'adéquation entre eux et le jeu sera totale.
Adapter les joueurs au jeu consiste à écrire sans la moindre concession le jeu que l'on aurait aimé jouer, à nos goûts à nous, c'est à dire le jeu ne contenant que des choses qui nous donnent un plaisir intense, des choses que l'on sait identifier, comprendre, démonter, remonter, donc créer, articuler. La difficulté, s'il y en a une, ne consiste plus alors qu'à savoir communiquer pour bien faire comprendre son travail, et attirer les joueurs qui sont justement en attente de ce que notre jeu se propose de leur offrir. On peut avoir alors un jeu offrant une intensité de plaisir sans concession, pour des joueurs qui attendent pile-poil ces plaisirs là, il y a tout pour un succès. Et comme l'objectif est bien toujours et seulement de donner du plaisir à des joueurs, il est rarement autant atteint.
Adapter le jeu aux joueurs, en revanche, c'est plein d'écueils possibles. Le premier, c'est la difficulté qu'il y a à déterminer ce qu'aime les joueurs quand ce n'est pas ce que l'on aime soi (dans le dialogue avec la difficulté à comprendre ce qui n'est pas à notre goût à nous, dans la réalisation avec la difficulté à articuler des plaisirs qui nous sont étrangers, dans l'appréciation avec la difficulté à juger du résultat obtenu). J'ai vu bien des orgas poser des choses en disant "j'en mets, bien que je n'aime pas trop ça, mais il y a toujours des joueurs qui aiment" très souvent en se fichant le doigt dans l’œil bien profond.
Passé le premier qui pèse déjà son poids, le second écueil consiste à mélanger des goûts et des approches différentes et pas toujours bien compatibles entre elles. Un tel va vouloir un peu de ça, machin un peu d'autres choses. Et ça finit par faire une grosse soupe de compromis, qui sera mangeable par tout le monde, plus ou moins bonnes pour les uns ou les autres, mais vraiment excellente pour personne. On voit bien ce que ça pourrait donner sur un film, voulant s'adresser à des publics aux goûts trop différents, il risque surtout de n'être pleinement et totalement apprécié de personne.
Bref, c'est un immense casse-gueule, dont on verra sortir des choses plus ou moins bonnes, souvent des jeux qu'on regarde en disant "il y avait du bien et du moins bien", tout au plus du bon, jamais de l'exceptionnel, qui lui demande beaucoup plus que ce que cette méthode permet, une vision plus nette et plus homogène.