GN : vers le grand schisme ?
Posté : jeu. 1 juin 2017 14:06
GN : vers le grand schisme ?
A nouveau un titre digne d’un mauvais canard à sensation !... Cette question me taraude depuis plusieurs mois et vos points de vu sur ce sujet m’intéressent.
D’abord quelques constats :
- Le nombre de pratiquants en France est en progressive et constante augmentation. Même si peu de chiffres circulent, même si la fédé GN peine à s’y retrouver, il est évident de constater que la communauté des pratiquants réguliers ne cesse de s’étoffer. Et c’est tant mieux.
- Le nombre et la diversité des jeux sont également croissants.
- La communauté compte maintenant des pratiquants expérimentés tant dans le nombre d’années de pratique que dans le nombre de jeux effectués. Ces pratiquants ont donc, de plus en plus, une idée précise du type de jeu qui leur plaît : format, durée, thème… Ils ont donc des attentes plus précises et des exigences tant dans le fond (jeu proposé) que dans la forme (cadre de jeu).
- Cette pratique n’est plus ostracisée, elle attire, se permet de louer des sites de plus en plus prestigieux. Les photos deviennent un vecteur de communication répandu et séduisant (qualité des sites et des costumes, compétence des photographes etc.).
Aux débuts du GN en France, il y a environ 25/30 ans, les jeux et les pratiquants étaient si rares que tous se retrouvaient de fait. Chacun se cherchait. Tous devaient apprendre à coexister tant l’espèce du GNiste était rare. Il faut le dire, c’était l’union sacrée. L’extérieur était soit indifférent (grosse majorité, le GN n’était pas du tout connu ni compris), soit hostile (médiatisation rare et négative, petit clin d’œil à Mireille Dumas et son émission hilarante mais ô combien négative). De plus il y avait un profil type : jeune homme/grand ado ; plutôt geek (culture elle aussi naissante à cette époque) inspiré par un monde médiéval fantastique essentiellement.
Sauf qu’avec le temps et les constats que j’ai listé plus haut, cette pratique artistico-ludique est parvenue à une certaine maturité. Des formats différents, des profils de pratiquants toujours plus variés, des motivations en perpétuelles évolutions, des théories de jeu naissantes… L’apparente unité du petit groupe initial a volé en éclat.
Pour autant, le nombre et la diversité ne donnent pas forcément lieu à des formes de schisme. Pourquoi un tel questionnement alors ?
Parce que j’ai parfois la sensation que les pratiques plurielles sont de moins en moins compatibles. Les cercles de jeu de moins en moins poreux entre eux. Les pratiquants ont des idées précises sur leur attente de fond (thème, manière de rôle player…) et, surtout, de forme (ateliers pré ou post GN, contrats de jeu de plus en plus formels, safewords, rejet de pratiques considérées à risque, transparence, transgenre etc.).
Alors oui, il y a des GNistes adaptables, flexibles qui continuent à jouer à un peu tous les jeux, avec des fonds et des formes très divers. Mais, de plus en plus, je me rends compte qu’il se développe des « familles » de GNistes avec des attentes précises pour ne pas dire arrêtées. Des exigences sur un format, sur le formalisme d’un cadre, sur une thématique précise… Pour certains joueurs il devient « criminel » d’organiser un jeu sans safeword ou doudou-room. D’autres au contraire préfèrent l’odeur de la transpiration à celle du savon et fuient les lieux trop balisés et formels. Je commence à entendre « non je ne joue plus avec cette association, l’état d’esprit de leurs jeux ne me convient pas/plus » ; « moi les med-bourr ‘ c’est fini » ; « je ne couche plus en tente » ; « j’ai trop joué dans ce type d’univers » ; « je m’inscris que quand je suis certain que je vais m’éclater » ; « je ne supporte pas l’ars amandi et je fuis les jeux utilisant cette technique de gestion des relations sexuelles » ; « moi s’il n’y a pas de règle sur les coucheries, ça me gène car ça dérape trop souvent, ça devient lourd à gérer » ; « je n’aime pas le fantastique en GN, il y en a trop, je préfère les jeux plus réalistes » ; « l’airsoft je ne supporte pas » etc etc…
On pourrait également se dire : chaque GNiste est unique, plus ou moins flexible et adaptable à des contextes de jeu différents ; il n’y a que des individualités singulières. Sauf que les réseaux sociaux ont transformés la donne. Facebook en tête. Les forums d’association sont délaissés au profit de réseaux plus larges. Et progressivement, les personnes habitées par les même visions de jeu se reconnaissent, se lient et forment des cercles. Des groupes fermés et/ou secrets se développent. Il y a un tel nombre de GNistes qu’il devient possible de trier et de développer des réseaux en lien avec des approches spécifiques. Je vois même ces cercles parfois se rejeter, se moquer, se critiquer les uns les autres. Je constate de plus en plus de détermination dans les attentes de chacun. Progressivement des grands courants, de vastes familles communautaires se dessinent. Peu à peu.
Inexorablement ? Evolution logique ? Le GN est-il arrivé à une certaine maturité ? Le nombre de pratiquants permet-il au final d’assumer davantage nos goûts ? Bref la masse critique de la communauté n’est-elle pas atteinte et ne se dirige t-on pas vers des cultures de jeu de moins en moins compatibles ?
A nouveau un titre digne d’un mauvais canard à sensation !... Cette question me taraude depuis plusieurs mois et vos points de vu sur ce sujet m’intéressent.
D’abord quelques constats :
- Le nombre de pratiquants en France est en progressive et constante augmentation. Même si peu de chiffres circulent, même si la fédé GN peine à s’y retrouver, il est évident de constater que la communauté des pratiquants réguliers ne cesse de s’étoffer. Et c’est tant mieux.
- Le nombre et la diversité des jeux sont également croissants.
- La communauté compte maintenant des pratiquants expérimentés tant dans le nombre d’années de pratique que dans le nombre de jeux effectués. Ces pratiquants ont donc, de plus en plus, une idée précise du type de jeu qui leur plaît : format, durée, thème… Ils ont donc des attentes plus précises et des exigences tant dans le fond (jeu proposé) que dans la forme (cadre de jeu).
- Cette pratique n’est plus ostracisée, elle attire, se permet de louer des sites de plus en plus prestigieux. Les photos deviennent un vecteur de communication répandu et séduisant (qualité des sites et des costumes, compétence des photographes etc.).
Aux débuts du GN en France, il y a environ 25/30 ans, les jeux et les pratiquants étaient si rares que tous se retrouvaient de fait. Chacun se cherchait. Tous devaient apprendre à coexister tant l’espèce du GNiste était rare. Il faut le dire, c’était l’union sacrée. L’extérieur était soit indifférent (grosse majorité, le GN n’était pas du tout connu ni compris), soit hostile (médiatisation rare et négative, petit clin d’œil à Mireille Dumas et son émission hilarante mais ô combien négative). De plus il y avait un profil type : jeune homme/grand ado ; plutôt geek (culture elle aussi naissante à cette époque) inspiré par un monde médiéval fantastique essentiellement.
Sauf qu’avec le temps et les constats que j’ai listé plus haut, cette pratique artistico-ludique est parvenue à une certaine maturité. Des formats différents, des profils de pratiquants toujours plus variés, des motivations en perpétuelles évolutions, des théories de jeu naissantes… L’apparente unité du petit groupe initial a volé en éclat.
Pour autant, le nombre et la diversité ne donnent pas forcément lieu à des formes de schisme. Pourquoi un tel questionnement alors ?
Parce que j’ai parfois la sensation que les pratiques plurielles sont de moins en moins compatibles. Les cercles de jeu de moins en moins poreux entre eux. Les pratiquants ont des idées précises sur leur attente de fond (thème, manière de rôle player…) et, surtout, de forme (ateliers pré ou post GN, contrats de jeu de plus en plus formels, safewords, rejet de pratiques considérées à risque, transparence, transgenre etc.).
Alors oui, il y a des GNistes adaptables, flexibles qui continuent à jouer à un peu tous les jeux, avec des fonds et des formes très divers. Mais, de plus en plus, je me rends compte qu’il se développe des « familles » de GNistes avec des attentes précises pour ne pas dire arrêtées. Des exigences sur un format, sur le formalisme d’un cadre, sur une thématique précise… Pour certains joueurs il devient « criminel » d’organiser un jeu sans safeword ou doudou-room. D’autres au contraire préfèrent l’odeur de la transpiration à celle du savon et fuient les lieux trop balisés et formels. Je commence à entendre « non je ne joue plus avec cette association, l’état d’esprit de leurs jeux ne me convient pas/plus » ; « moi les med-bourr ‘ c’est fini » ; « je ne couche plus en tente » ; « j’ai trop joué dans ce type d’univers » ; « je m’inscris que quand je suis certain que je vais m’éclater » ; « je ne supporte pas l’ars amandi et je fuis les jeux utilisant cette technique de gestion des relations sexuelles » ; « moi s’il n’y a pas de règle sur les coucheries, ça me gène car ça dérape trop souvent, ça devient lourd à gérer » ; « je n’aime pas le fantastique en GN, il y en a trop, je préfère les jeux plus réalistes » ; « l’airsoft je ne supporte pas » etc etc…
On pourrait également se dire : chaque GNiste est unique, plus ou moins flexible et adaptable à des contextes de jeu différents ; il n’y a que des individualités singulières. Sauf que les réseaux sociaux ont transformés la donne. Facebook en tête. Les forums d’association sont délaissés au profit de réseaux plus larges. Et progressivement, les personnes habitées par les même visions de jeu se reconnaissent, se lient et forment des cercles. Des groupes fermés et/ou secrets se développent. Il y a un tel nombre de GNistes qu’il devient possible de trier et de développer des réseaux en lien avec des approches spécifiques. Je vois même ces cercles parfois se rejeter, se moquer, se critiquer les uns les autres. Je constate de plus en plus de détermination dans les attentes de chacun. Progressivement des grands courants, de vastes familles communautaires se dessinent. Peu à peu.
Inexorablement ? Evolution logique ? Le GN est-il arrivé à une certaine maturité ? Le nombre de pratiquants permet-il au final d’assumer davantage nos goûts ? Bref la masse critique de la communauté n’est-elle pas atteinte et ne se dirige t-on pas vers des cultures de jeu de moins en moins compatibles ?