Militer pour le GN ?
Posté : jeu. 21 mai 2015 20:45
Lorsqu'il y a 15 ans j'ai décidé d'organiser mon premier mini GN, seul, je me suis mis à rechercher un site pour mon jeu. Lorsque je me suis mis à contacter en Midi-Pyrénées des loueurs de sites intéressants, j'ai été dans l'obligation d'expliquer la raison de la location. Et là, malgré ma présentation du GN, je devais faire face à une incrédulité loin d'être bienveillante. Et plus j'expliquais, plus je répondais aux questions inquiètes de mon interlocuteur, plus mes chances de pouvoir louer le site s'évaporaient... Peut-être que je n'ai pas su faire, pas su trouver les bons mots. Quoiqu'il en soit mon échec fut total. Une dizaine de sites m'ont fermé la porte au nez plus ou moins poliment. Le comble fut de tomber un jour sur un propriétaire (d'une magnifique petite abbaye) qui croyait savoir ce qu'était le GN. Il avait lu dans une revue un article et se croyait équipé pour juger une activité ludique de ses jeunes contemporains. Dangereux. Tel fut le mot qui lui servait à décrire ce qu'il croyait connaître.
Et bien j'ai fini par mentir. J'ai loué mon premier site (une magnifique et rustique ferme du Gers) en prétextant des répétitions pour ma troupe de théâtre ! Je n'en suis pas très fier. Mais mon jeu a pu se tenir (4 sessions par an d'un feuilleton ésotérique - avec deux équipes de joueurs - sur 5 ans). Quelques sueurs froides lorsque le proprio, soupçonneux, passa faire un tour en prétextant des excuses peu crédibles. Je repense à cette fois où je coursais en hurlant dans les vignes, avec une fausse barre de fer traversant mon crâne, un joueur à moitié nu qui se changeait en loup garou et qui avait des lentilles félines... J'ai été sauvé par des joueurs qui ont pris la mesure de la situation et ont conduit avec délicatesse le propriétaire en des lieux plus calmes... Un scénar dans le scénar pour eux ! Bref des sueurs froides. Mais des souvenirs forts et cocasses grâce à la patine du temps...
De là je me suis mis à militer. A ma petite échelle. Internet était encore faiblard à cette époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. J'expliquais autour de moi, dans toutes mes sphères relationnelles.
15 ans ont passé. Internet s'est développé. Les associations se sont multipliées. On peut acheter en ligne des armes, des armures, tout l'équipement. J'ai participé l'an dernier au premier vide grenier GNistique sur Toulouse. Les sites sont légions, pour tous les prix, du plus prestigieux au plus basique. Je connais même des proprios qui vivent pas mal de ces accueils et parviennent à développer et/ou maintenir d'incroyables endroits. Des théories sont apparues : des thèses, des bouquins, des blogs. Le site que je loue actuellement (La Gabertie) est tenu par un couple âgé d'intellectuels passionnés par nos activités : ils me font des prix avantageux, s'intéressent à nos histoires, nous accueillent avec sympathie. J'ai même vu à Rouge Grance un proprio donner de sa personne en nous accueillant dans son salon privé tout en jouant sur son vieux piano (1/2 queue) romantiquement désaccordé. J'ai de nombreux potes qui font du GN. Lorsque je parle de cette activité, la curiosité a remplacé la méfiance chez mes interlocuteurs. Une fédération s'est crée. Des forums émergent de plus en plus. Le niveau du rôle play, du matériel, des sites, des règles, de la bouffe, des attentes des joueurs, tout est monté en flèche. On parle de communication pour annoncer un jeu. Des tentatives de professionnalisation sont apparues (rarement avec succès). Un procès a même eu lieu autour des droits du mot "murder"...
Je me rend compte aujourd'hui que je n'ai plus du tout une attitude militante. Parfois expliquer à de total néophytes les subtilités de cette pratique artistico-ludique m'ennuie. Certes cela dépend de mon interlocuteur. Mais j'ai remarqué, chez moi, un retrait progressif. C'est d'ailleurs de cette manière que j'ai pris conscience d'une attitude inconsciemment militante depuis ces fameuses années.
Je suis heureux de voir cette magnifique et rapide évolution dans l'univers du GN en France. La communauté est active, créative. Certes on pourrait espérer encore des choses : plus de jeux, plus de sites, plus de qualité. Mais pour la première fois de ma vie, je prend conscience des possibles écueils d'une plus grande communauté : plus d'argent, plus d'intérêts, plus de cercles d'influences et de courants de chapelles, plus d'hypocrisies et de codes internes. Certes la marge est encore grande, mais pour la première fois je deviens partagé. Militer ? Poser sur son mur fb "Larp Day" ? Essayer de jouer un rôle plus actif dans une association (au delà de la création de jeu) ?
Ben non. Heureux. Le ventre plein, l'envie de faire des révolutions s'érode. L'envie de jouer, de créer est plus vivante que jamais mais je ne me sens plus l'âme militante.
C'est grave docteur ?
Et bien j'ai fini par mentir. J'ai loué mon premier site (une magnifique et rustique ferme du Gers) en prétextant des répétitions pour ma troupe de théâtre ! Je n'en suis pas très fier. Mais mon jeu a pu se tenir (4 sessions par an d'un feuilleton ésotérique - avec deux équipes de joueurs - sur 5 ans). Quelques sueurs froides lorsque le proprio, soupçonneux, passa faire un tour en prétextant des excuses peu crédibles. Je repense à cette fois où je coursais en hurlant dans les vignes, avec une fausse barre de fer traversant mon crâne, un joueur à moitié nu qui se changeait en loup garou et qui avait des lentilles félines... J'ai été sauvé par des joueurs qui ont pris la mesure de la situation et ont conduit avec délicatesse le propriétaire en des lieux plus calmes... Un scénar dans le scénar pour eux ! Bref des sueurs froides. Mais des souvenirs forts et cocasses grâce à la patine du temps...
De là je me suis mis à militer. A ma petite échelle. Internet était encore faiblard à cette époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. J'expliquais autour de moi, dans toutes mes sphères relationnelles.
15 ans ont passé. Internet s'est développé. Les associations se sont multipliées. On peut acheter en ligne des armes, des armures, tout l'équipement. J'ai participé l'an dernier au premier vide grenier GNistique sur Toulouse. Les sites sont légions, pour tous les prix, du plus prestigieux au plus basique. Je connais même des proprios qui vivent pas mal de ces accueils et parviennent à développer et/ou maintenir d'incroyables endroits. Des théories sont apparues : des thèses, des bouquins, des blogs. Le site que je loue actuellement (La Gabertie) est tenu par un couple âgé d'intellectuels passionnés par nos activités : ils me font des prix avantageux, s'intéressent à nos histoires, nous accueillent avec sympathie. J'ai même vu à Rouge Grance un proprio donner de sa personne en nous accueillant dans son salon privé tout en jouant sur son vieux piano (1/2 queue) romantiquement désaccordé. J'ai de nombreux potes qui font du GN. Lorsque je parle de cette activité, la curiosité a remplacé la méfiance chez mes interlocuteurs. Une fédération s'est crée. Des forums émergent de plus en plus. Le niveau du rôle play, du matériel, des sites, des règles, de la bouffe, des attentes des joueurs, tout est monté en flèche. On parle de communication pour annoncer un jeu. Des tentatives de professionnalisation sont apparues (rarement avec succès). Un procès a même eu lieu autour des droits du mot "murder"...
Je me rend compte aujourd'hui que je n'ai plus du tout une attitude militante. Parfois expliquer à de total néophytes les subtilités de cette pratique artistico-ludique m'ennuie. Certes cela dépend de mon interlocuteur. Mais j'ai remarqué, chez moi, un retrait progressif. C'est d'ailleurs de cette manière que j'ai pris conscience d'une attitude inconsciemment militante depuis ces fameuses années.
Je suis heureux de voir cette magnifique et rapide évolution dans l'univers du GN en France. La communauté est active, créative. Certes on pourrait espérer encore des choses : plus de jeux, plus de sites, plus de qualité. Mais pour la première fois de ma vie, je prend conscience des possibles écueils d'une plus grande communauté : plus d'argent, plus d'intérêts, plus de cercles d'influences et de courants de chapelles, plus d'hypocrisies et de codes internes. Certes la marge est encore grande, mais pour la première fois je deviens partagé. Militer ? Poser sur son mur fb "Larp Day" ? Essayer de jouer un rôle plus actif dans une association (au delà de la création de jeu) ?
Ben non. Heureux. Le ventre plein, l'envie de faire des révolutions s'érode. L'envie de jouer, de créer est plus vivante que jamais mais je ne me sens plus l'âme militante.
C'est grave docteur ?