Je dois avouer que lorsque je lis Fredou qui parle d'oeuvre finie, je suis à la fois perplexe et envieux
En effet, une des choses qui m'intéressent dans le développement d'un jeu, qui font que le GN est aussi important dans ma vie, est justement la façon dont des étrangers "relatifs" vont s'approprier et donner vie à ce qui n'existe qu'à l'écrit, avant le début du jeu. Je trouve ça fascinant. Au sein des jeux que j'ai écrit, il y en a qui comptent un peu plus que d'autres, qui sont davantage mes "bébés" que mon travail. Ces bébés sont souvent révélateurs de questionnements personnels, ou de hantises assez intimes. Ecrire des jeux en se nourrissant de ça est une forme d'exorcisme, d'auto-thérapie. Voir ce qu'en font les gens m'apporte toujours un éclairage enrichissant, voire carrément des réponses. De mon point de vue, ces jeux ne sauraient être finis, ni réédités, parce qu'ils ne sont pas des œuvres, mais des jalons dans un parcours à la fois personnel et partagé.
Je suis donc perplexe sur la notion d'oeuvre finie et normalement hostile à la réédition.
Néanmoins, je comprends assez finement

ce que veut dire Fredou au sujet d'une oeuvre finie qu'on partage avec autrui pour leur et se faire plaisir. Et je suis obligé de reconnaître qu'une oeuvre finie est possible en matière de GN, pour avoir eu la chance de participer à au moins deux jeux exceptionnels à ce titre ces dernières années. Œuvres finies et tout à fait personnelles, certes, mais aucunement fermées, linéaires, contraignantes, où l'apport du joueur demeure, qui maltraitent avec élégance ma conception personnelle du processus de création. Et suscitent mon envie et mon admiration.