QM131 : Français et littérature

principalement autour des huis clos et autres petits GN, mais aussi pour le plaisir de flooder.
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Sam
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Sam »

En Suisse, une tendance actuelle sur les GN med bourre ou baston défoulatoire consiste à encourager les joueurs à écrire eux-mêmes leurs historiques. Grâce à cette méthode, tu peux avoir un prêtre intégriste ninja qui cotoie un plouc sudiste qui se bat aux canettes de budweiser (cet exemple est véridique).

On est donc bien loin de l'écriture en atelier :D !
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Muriel A
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Muriel A »

On mélange ici plusieurs choses. Je vais essayer de les scinder

D'une part je pense qu'il y a surtout une culture du PJ-protagoniste (qui n'est pas synonyme de héros même si c'est souvent le cas). Que le perso soit écrit par le joueur ou entièrement par l'orga, le principe sous-jacent est toujours qu'il est le protagoniste de sa propre histoire. Et cette approche à mon avis vient moins qu'une culture littéraire française de tradition française mais oui madame, que de l'origine du jeu de rôle qui s'ancre dans les cultures de l'imaginaire et les romans de Fantasy/SF.

Sur l'approche "littéraire" de la fiche de personnage, ça a déjà été abordé ailleurs, c'est un classique retour de balancier. A l'époque où la backstory du perso moyen c'était une demi-page quand tu avais de la chance, un effort de développement sur 10 pages était au moins le gage d'avoir un peu plus de matière à mouliner. Il y a eu ensuite de très belles expériences de fiches "littéraires" longues. Et puis comme souvent certains ont fini par confondre la cause et l'effet, et on est en train d'en revenir. Parce que oui, certains jeux récents partaient à revendiquer des backs de 200 pages, dont même pas 5 étaient utiles au jeu, sans même parler des fautes d'écriture. J'ai donc l'impression que la surenchère dans la longueur se tasse, maintenant qu'il est bien entendu que la longueur n'est pas gage de qualité du jeu.

Sur l'aversion pour la création du personnage par le joueur : ça vient des nombreuses limitations qu'on a observé sur l'exercice. Persos concepts mais pas jouables sur le long terme qui viennent ensuite perturber le jeu, incohérents, ou simplement sans lien avec l'histoire a minima, persos optimisés powerplay éventuellement, et surtout des personnages qui fonctionnent trop comme entités séparés sans lien entre eux ou hors de leur groupe.

Sur le scepticisme lié à la création de persos en ateliers et la transparence : ces pratiques sont perçues comme du théâtre d'improvisation et non du GN. A tort ou à raison, mais c'est globalement l'opinion qui paraît prédominer.
Pink
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Pink »

J'ai souvent rencontrés des co-organisateurs, qui n'aimaient pas écrire ou rechignaient à le faire. Mais qui pourtant n'auraient pas pu envisager de faire autrement que de passer par une fiche de personnage pour proposer l'évènement souhaité.

Pourquoi s'infliger celà ? Une force naturelle poussant à répliquer ce que l'on connait qui serait plus forte que celle qui nous amène à choisir ce dont on a strictement besoin ? A mon sens l'argument clef de Muriel qui répond à la QM est celui de la "culture du PJ-protagoniste".
Fredou
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Fredou »

Je ne suis pas certain que ce soit lié à une "culture française" mais plus à un cheminement historique qui a été celui de pas mal de joueurs dans l'évolution du paysage GNistique Français, en tout cas le mien.

J'ai commencé le GN avec des personnages pondus par les joueurs avec une vague validation de l'organisateur. La constatation à l'époque, c'est que l'intégration des personnages était très pauvre ; la scénarisation se centrait sur des événementiels. Quand les premiers backs préécrits sont apparus, même d'une page, cela devenait tout de suite plus intéressant en terme d'implication des personnages et d'interaction entre eux. Alors les backs se sont petit à petit étoffés, densifiés. L'étape suivante a été de constater qu'un back riche dans le fond c'était bien, mais qu'un back "beau" dans la forme, c'était encore plus passionnant à lire et que cela rendait le personnage plus attractif. Alors, je me suis mis à écrire des backs "beaux", avec la palette de couleurs du romancier.

Pour moi, la forme "littéraire" est venu à un moment du parcours comme un outils permettant de proposer un plus de plaisir dans l'expérience du jeu, et n'a jamais été une forme initiale, culturelle, dont on n'arriverait pas à se détacher.
Modifié en dernier par Fredou le mer. 22 janv. 2014 11:32, modifié 1 fois.
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kilmore
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par kilmore »

Fredou a écrit :L'étape suivante a été de constater qu'un back riche dans le fond c'était bien, mais qu'un back "beau" dans la forme, c'était encore plus passionnant à lire et que cela rendait le personnage plus attractif. Alors, je me suis mis à écrire des backs "beaux", avec la palette de couleurs du romancier.
Je suis exactement dans le même état d'esprit.
Je rappelle que je suis plus dans le huis-clos et la murder donc qu'il est obligatoire de faire des backs poussés mais j'essaie toujours de proposer un truc agréable à lire.

1) Je commence toujours par une nouvelle d'introduction pour mettre le personnage en place. Cette nouvelle est racontée par une personne extérieure
2) Le background est toujours écrit à la première personne pour que le PJ s'implique plus dans la lecture. Il commence à intégrer le personnage.
3) Beaucoup d'indices sont glissés dans le récit sans que cela soit expressément souligné.

Le plus dur c'est le temps que cela prend.

Il me semble toutefois que cela paie ! Quand je vois certaines soirée-enquête où l'on propose un back d'une page, où les indices sont quantifiés et où les relations entre les personnages sont clairement indiquées en tant que telles, j'ai déjà moins de plaisir à jouer. Je n'ai pas eu ce sentiment de me glisser dans la peau d'un autre progressivement et j'en ressens une petite frustration...

Heu... C'est grave docteur ?
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Thomas B.
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Thomas B. »

kilmore a écrit :un back d'une page, où les indices sont quantifiés et où les relations entre les personnages sont clairement indiquées en tant que telles
Je préfère ça à une fiche interminable et bancale écrite en style faussement littéraire. De loin.

Et j'ai vu bien plus de fiches "littéraires" mal écrites que bien écrites.

Et bien plus de fiches "littéraires" mal écrites que de fiches "fonctionnelles" mal écrites.

Oui, je dois jouer aux mauvais GN. Enfin une centaine, sur une demi-douzaine de pays, quand même ça commence à chiffrer.
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Lila
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Lila »

Thomas B. a écrit :
kilmore a écrit :un back d'une page, où les indices sont quantifiés et où les relations entre les personnages sont clairement indiquées en tant que telles
Je préfère ça à une fiche interminable et bancale écrite en style faussement littéraire. De loin.
Je crois que je préfère même une fiche fonctionnelle bien écrite. Avec des intentions claires, mais un peu de littérature dedans. J'aime le plaisir de la lecture, mais pour moi ce plaisir n'influe pas du tout sur le jeu. Le jeu doit être construit indépendamment du plaisir de lecture. C'est un plus, par une condition pour un bon jeu.

La culture geek/romanesque est très lyrique, littérature précieuse, très écrite quoi. Mais il y a une culture littéraire de qualité qui n'est pas aussi... dense, fournie, détaillée, épique, longue.

Je pense que l'erreur est d'associer objectif du joueur et objectif de personnage. Le personnage n'est qu'un outil pour le jeu.

EX : Le jeu Carmen Charbardés a des intentions claires, le jeu est construit et annoncé dans sa forme (ce qu'on va jouer, comment, avec quelles techniques, quels enjeux). Ce qui n'empêche pas que la fiche collective est super chiadée en terme d'écriture, et que j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire.
Pink
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Pink »

@ Thomas. Ceci dit l'exercice est clairement plus difficile. Je ne dis pas plus pertinent, mais faire une fiche qui soit à la fois romancée, fonctionelle et belle réserve un certain niveau de complexité et nécessite plus de préparation qu'une fiche fonctionelle (plus lisible et plus aisément modifiable).

Bien que l'idée de cacher des indices dans un BG soit tentante, c'est je pense, un exercice qui peut-être rapidement casse-gueule si on ne maitrise pas parfaitement la communication sur ses intentions de jeu, son casting et les situations/objets de jeu qui créent le déclic. Ce qui est considéré par un scénariste comme un appel du pied dans un BG, peut, chez un joueur, être facilement considéré comme une envolée lyrique, un détails ou un simple paragraphe de plus.
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Muriel A
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Muriel A »

Pink a écrit : Pourquoi s'infliger celà ? Une force naturelle poussant à répliquer ce que l'on connait qui serait plus forte que celle qui nous amène à choisir ce dont on a strictement besoin ? A mon sens l'argument clef de Muriel qui répond à la QM est celui de la "culture du PJ-protagoniste".
Il y a une force du modèle, suivant l'évolution décrite par Fredou qui a effectivement été celle de beaucoup. Là-dessus, vouloir faire un retour de balancier sur le mode "la fiche rédigée c'est ringard/superfétatoire/relou car rarement bien fait" serait à mon sens une régression, non plus que de penser qu'un modèle minimaliste ou écrit par le joueur est la panacée, car à mon sens il est un degré d'investissement dans le personnage qu'un minimum de développement de ses motivations et de sa backstory par l'orga rend nécessaire.

Comme toujours, comme le format la PAF ou autre, la question est de savoir ce qu'on recherche et comment l'obtenir.

Le bal de Promo est un exemple intéressant car dépourvu de fiches littéraires au sens strict, alors que Tant Luce en a produit de nombreuses et très belles. Les persos sont retranscris par leurs fiches signalétiques et quelques pages de journal intime qui traitent de leur histoire récente. Vu l'ambiance globalement légère du jeu, c'est amplement suffisant et ça tourne très bien, et traduire les même documents sous forme littéraire aurait même été plus lourd.
Pink a écrit :Bien que l'idée de cacher des indices dans un BG soit tentante, c'est je pense, un exercice qui peut-être rapidement casse-gueule si on ne maitrise pas parfaitement la communication sur ses intentions de jeu, son casting et les situations/objets de jeu qui créent le déclic.
Oui, mais difficile ne veut pas dire impossible. Et le risque ici revient à vouloir dire "faire des fiches intégralement rédigées est plus difficile, donc on va se contenter de faire minimaliste/faire écrire la fiche par le joueur/abstrait", ça peut être tout aussi casse-gueule

Le seul point sur lequel je suis d'accord est que le développement et travail (éventuel) sur la rédaction ne doit être qu'un point en plus et arriver à la fin quand les intentions du jeu et la structure du personnage sont clairs. La priorité doit être de rendre le personnage intéressant et jouable, pas de faire de la surenchère gratuite pour pouvoir dire "moi mes persos ils font XX pages en moyenne je suis trop fort"
Bross
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Re: QM131 : Français et littérature

Message par Bross »

savoir ce qu'on recherche et comment l'obtenir
Pif, Paf, et ( ;) ) BIM.

Les Muriéliens, apôtres d'un âge nouveau, vous reçoivent tous les jeudis à la salle paroissiale Lucienne Venin de Gif-sur-Calembredon.
Entrée gratuite. Reprenez votre vie en main. Pas de tarif réduit pour les militaires.
J'ai pris ma carte.
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