Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?
Posté : mar. 9 mai 2017 14:09
Oui, mon titre est aguicheur, digne d'un journal à sensation !
Oui, le présent sujet est en réaction (donc un sujet réac' ?) au dernier article de Muriel sur Electro GN (article intéressant qui a le mérite d'exister).
Oui, on en a déjà un peu parlé mais je trouve le sujet important.
Muriel écrit sur le jeu Cabaret 1930 : "De la même manière, même si la sécurité n’était pas négligée, avec communication claire et usage de safewords, certains pourront regretter l’absence d’ateliers post-jeu, par exemple une phase de de-roling plus formelle."
Je crois que ces ateliers post-jeu, phase de de-roling et autres appellations plus ou moins exotiques, sont une forme de dérive qui plonge le Gn dans une dimension qui, pour le moins, interroge.
Je sais que ce sont de bonnes intentions qui sont à l'origine de ces ateliers, certains pensent que ces derniers sont utiles voir même indispensables surtout dans des jeux considérés comme "durs" sur le plan émotionnel.
Ces ateliers de groupe ont pour vocation de déminer une charge émotionnelle trop forte, créer un sas psychique sécurisé entre jeu et réalité, construire une sortie de jeu dans des vibrations bienveillantes et sécures, identifier et dénouer des liens envahissants, permettre une expression individuelle dans un groupe prétendument bienveillant etc.
Même un thérapeute professionnel et formé à la technique de gestion des groupes n'a pas le quart du centième de cette prétention sur un atelier de quelques dizaines de minutes dans un groupe aux individualités non connues. Or dans la plupart des cas ce sont d'autoproclamés animateurs de groupes qui n'ont pas cette compétence professionnelle. Et quand bien même ils l'auraient, la forme (non connaissance des profils individuels, séance unique, temps court, proximité temporelle trop grande avec l'évènement potentiellement traumatique...) ne permet ni de prévenir un mal-être (sans parler de décompensation psychique) ni de désamorcer des processus psychiques complexes et envahissants.
On peut alors me renvoyer que ça ne peut pas faire de mal... Que nenni. Je crois que cela peut avoir des effets délétères. C'est comme monter sur un navire qui parait sécurisé avec des bouées apparentes qui ne sont en fait que des peintures peintes sur la coque ; bref un sentiment de sécurité illusoire... Et l'illusion de sécurité peut être néfaste. Faire croire qu'un atelier post GN est une sécurité psychique est dangereux.
Les mécanismes de la psyché humaine sont très complexes et dans le cadre d'un GN immersif à forte charge émotionnelle on atteint des niveaux insondables. De l'humilité face à de tels degrés de complexité !
La parole est toujours positive ? Elle l'est très fréquemment dans un environnement tiers et totalement neutre. Mais la parole dans un groupe est à nouveau plus complexe encore avec un entrecroisement des émotions, des ressentis et des exposés individuels. C'est là encore un outil puissant extrêmement complexe qui peut avoir son lot d'effets délétères. D'autant plus qu'il n'a pas lieu dans un lieu neutre (lieu du jeu) ni animé par une personne neutre (orga la plupart du temps).
Une manière de responsabiliser les organisateurs ? Avec cette mouvance de plus en plus prononcée de l'orga responsable de tout, la tentation est bien grande pour celui-ci de se dégager de ses responsabilités écrasantes (et parfois injustes) et d'organiser ce type de séance collective. Non, il faut arrêter de considérer les orgas comme responsables de la psyché des participants. Certes ils doivent communiquer sur les intentions de jeu, préciser si la force immersive est à déconseiller à des joueurs trop "fragiles" ou sensibles à certaines thématiques soulevées par le jeu. Mais de là à les rendre responsables des conséquences psychiques du jeu sur des participants il y a un pas, selon moi, à ne surtout pas franchir.
Je sais que cette position très tranchée peut faire naître des polémiques. Je m'en excuse par avance. Mais j'ai très envie d'échanger avec vous sur ce sujet ô combien complexe et sensible.
Oui, le présent sujet est en réaction (donc un sujet réac' ?) au dernier article de Muriel sur Electro GN (article intéressant qui a le mérite d'exister).
Oui, on en a déjà un peu parlé mais je trouve le sujet important.
Muriel écrit sur le jeu Cabaret 1930 : "De la même manière, même si la sécurité n’était pas négligée, avec communication claire et usage de safewords, certains pourront regretter l’absence d’ateliers post-jeu, par exemple une phase de de-roling plus formelle."
Je crois que ces ateliers post-jeu, phase de de-roling et autres appellations plus ou moins exotiques, sont une forme de dérive qui plonge le Gn dans une dimension qui, pour le moins, interroge.
Je sais que ce sont de bonnes intentions qui sont à l'origine de ces ateliers, certains pensent que ces derniers sont utiles voir même indispensables surtout dans des jeux considérés comme "durs" sur le plan émotionnel.
Ces ateliers de groupe ont pour vocation de déminer une charge émotionnelle trop forte, créer un sas psychique sécurisé entre jeu et réalité, construire une sortie de jeu dans des vibrations bienveillantes et sécures, identifier et dénouer des liens envahissants, permettre une expression individuelle dans un groupe prétendument bienveillant etc.
Même un thérapeute professionnel et formé à la technique de gestion des groupes n'a pas le quart du centième de cette prétention sur un atelier de quelques dizaines de minutes dans un groupe aux individualités non connues. Or dans la plupart des cas ce sont d'autoproclamés animateurs de groupes qui n'ont pas cette compétence professionnelle. Et quand bien même ils l'auraient, la forme (non connaissance des profils individuels, séance unique, temps court, proximité temporelle trop grande avec l'évènement potentiellement traumatique...) ne permet ni de prévenir un mal-être (sans parler de décompensation psychique) ni de désamorcer des processus psychiques complexes et envahissants.
On peut alors me renvoyer que ça ne peut pas faire de mal... Que nenni. Je crois que cela peut avoir des effets délétères. C'est comme monter sur un navire qui parait sécurisé avec des bouées apparentes qui ne sont en fait que des peintures peintes sur la coque ; bref un sentiment de sécurité illusoire... Et l'illusion de sécurité peut être néfaste. Faire croire qu'un atelier post GN est une sécurité psychique est dangereux.
Les mécanismes de la psyché humaine sont très complexes et dans le cadre d'un GN immersif à forte charge émotionnelle on atteint des niveaux insondables. De l'humilité face à de tels degrés de complexité !
La parole est toujours positive ? Elle l'est très fréquemment dans un environnement tiers et totalement neutre. Mais la parole dans un groupe est à nouveau plus complexe encore avec un entrecroisement des émotions, des ressentis et des exposés individuels. C'est là encore un outil puissant extrêmement complexe qui peut avoir son lot d'effets délétères. D'autant plus qu'il n'a pas lieu dans un lieu neutre (lieu du jeu) ni animé par une personne neutre (orga la plupart du temps).
Une manière de responsabiliser les organisateurs ? Avec cette mouvance de plus en plus prononcée de l'orga responsable de tout, la tentation est bien grande pour celui-ci de se dégager de ses responsabilités écrasantes (et parfois injustes) et d'organiser ce type de séance collective. Non, il faut arrêter de considérer les orgas comme responsables de la psyché des participants. Certes ils doivent communiquer sur les intentions de jeu, préciser si la force immersive est à déconseiller à des joueurs trop "fragiles" ou sensibles à certaines thématiques soulevées par le jeu. Mais de là à les rendre responsables des conséquences psychiques du jeu sur des participants il y a un pas, selon moi, à ne surtout pas franchir.
Je sais que cette position très tranchée peut faire naître des polémiques. Je m'en excuse par avance. Mais j'ai très envie d'échanger avec vous sur ce sujet ô combien complexe et sensible.