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Re: QM131 : Français et littérature

Posté : mer. 22 janv. 2014 16:51
par Fredou
J'ai pris ma carte.
Moi, aussi et depuis longtemps.

Une remarque qui m'a souvent été faite sur les personnages très romancés et très longs du Pouet, c'est que ce style d'écriture, en plus d'être prenant, les rendait très facile à appréhender et à mémoriser dès leur première lecture.

Souvent une fiche synthétique liste des idées qu'il va falloir faire l'effort explicitement de retenir. Dans le cadre d'un roman classique, vous ne cherchez jamais à mémoriser, vous vous laissez guider par le texte, et par le temps pris dans les descriptions, par les répétitions et les variations, à la fin du chapitre vous en avez retenu tout le déroulement dans toute sa subtilité sans avoir fait un effort particulier de mémorisation. Je ne sais pas si je suis clair, mais la forme romancée peut apporter plus qu'un simple plaisir de lecture et une richesse de description, c'est aussi une autre façon de faire retenir le personnage.

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : mer. 22 janv. 2014 16:56
par Bross
C'est tout à fait juste, et surprenant. Magie du verbe.

EDIT : après, libre à chacun de consacrer autant de temps que Fredou à l'écriture de son jeu, ou pas. Le ratio temps passé / efficacité est pertinent dans le cadre du Pouet, uniquement parce que ce jeu touche au sublime (je pèse mes mots). Un tout petit peu moins bien, ça devient un ratio délirant. Mais c'est cohérent avec le Muriélisme "savoir ce qu'on recherche et comment l'obtenir". Ici, le "comment" c'est "quelques années de travail".

(je résume au compresseur hydraulique, parce que je pense savoir qu'il faudrait aussi parler d'apprentissage, de maturation, etc...)

Puisqu'on parle du Pouet - sans en parler - et pour faire un peu de transversalité avec un autre sujet : je crois que le tandem expérience / histoire n'est pas antinomique que ça, à la réflexion. Dans certains cas précis, l'histoire - et un jeu qui lui accorde la priorité - peut aboutir à une expérience forte. C'est sans doute un chemin plus complexe, plus risqué, plus exigeant. Valoriser l'expérience déconnectée de l'histoire ça me parle, pour autant je veux également croire qu'une expérience n'est forte que si, à sa manière, même a posteriori, elle raconte une histoire.

L'histoire et l'expérience auraient peut-être ce point commun de chercher du sens.

Dès lors, l'expérimentation "expérimentale" n'est pas tellement dans la forme, dans les moyens, dans les formats, ni même dans le fond, dans le sujet choisi. Mais plutôt dans le dépassement de la stricte fonction divertissante du jeu pour atteindre, osons la formule, un niveau de conscience différent, plus riche, plus complexe, qui rend accessible du sens.

C'est peut-être en ça qu'il y a une spécificité de la scène française que le terme "Romanesque" peut couvrir. Et pourtant, je ferais volontiers partie des personnes qui résumeraient ça en "GN à chouine". :-) - La recherche de sens dans les relations humaines (là où les nordiques feraient clairement de la recherche de sens mais à un échelon différent, disons rapidement sur un plan collectif et social).

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : mer. 22 janv. 2014 16:59
par Lila
Bon, personne n'a dit le contraire.
C'est juste que le plaisir de la lecture n'a rien à voir avec la construction du jeu. Tu peux recevoir une fiche super et le jeu sera pourri, et l'inverse est aussi vrai. Un jeu se repose pas uniquement sur le personnage, et quand bien même il le ferait, il y a cent milles façons de construire un personnage, dont une fiche chiadé. C'est le propos d'un atelier que je présenterai aux RGniales Nantes.

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : mer. 22 janv. 2014 17:23
par Fredou
C'est juste que le plaisir de la lecture n'a rien à voir avec la construction du jeu.
Pas si sûr. A mes yeux, c'est un facteur d'immersion dans le personnage, et dès lors on peut jouer entre le fond et la forme dans la construction du jeu pour proposer un cheminement immersif particulier par exemple.

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : mer. 22 janv. 2014 18:17
par Thomas B.
Je pense que le style peut tout à fait aider à l'immersion, à faire passer un message sur les intentions du jeu, ses choix esthétiques.

Un bonne exemple Suisse était le "Pour une poignée de salopards 2" de l'Hydre, où l'argot et les grossièretés annoncaient clairement l'ambiance de raclures que ça allait être. Une belle mise en condition.

Pareil pour la mise en page de la fiche, du site web etc. Autre exemple suisse: les fiches du GN Agone "La dernière heure" version Coryphée, maquettées ambiance "Guide d'Abyme" étaient top pour ça.

Depuis mes premiers trucs publiés officiels (des suppléments INS/MV), j'ai toujours essayé d'équilibrer l'utile (c'est du jdr, faut faire passer des infos et une ambiance utilisables par un MJ/c'est du GN faut faire passer des infos et une ambiance utilisables par un joueur) et l'agréable (que le moment de lecture de la personne soit sympa en tant que tel). Voir les fiches de la Croisière s'accuse. 2 pages, hyper fonctionnelles, mais pas dégueu à lire d'après les divers joueurs.

Donc oui c'est un but louable.

J'ai juste vu trop d'échecs cuisants pour dire que ça devrait être la manière standard de bosser pour tous les orgas. Quand on écrivait à 4 au Four Fantastique on était tous des fans d'écriture, c'était un plaisir. Y a des assos où ils détestent ça, faut pas qu'ils se forcent. Vraiment pas.

Ce qui compte c'est que le joueur sache:
-qui il va jouer
-avec quelle intention
-dans quelle ambiance.

Et en tant qu'orga, quand t'es à la bourre et que tu dois finir une fiche démarrée par un autre orga démissionnaire et écrite en vers, ben t'es un peu vert. Toute ressemblance avec un GN afro-asiatique avec des fiches envoyées la semaine du jeu sans être relues ni maquettées serait complètement fortuite bien sûr.

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : jeu. 23 janv. 2014 09:12
par Thanos
Fredou a écrit :Une remarque qui m'a souvent été faite sur les personnages très romancés et très longs du Pouet, c'est que ce style d'écriture, en plus d'être prenant, les rendait très facile à appréhender et à mémoriser dès leur première lecture.

Souvent une fiche synthétique liste des idées qu'il va falloir faire l'effort explicitement de retenir. Dans le cadre d'un roman classique, vous ne cherchez jamais à mémoriser, vous vous laissez guider par le texte, et par le temps pris dans les descriptions, par les répétitions et les variations, à la fin du chapitre vous en avez retenu tout le déroulement dans toute sa subtilité sans avoir fait un effort particulier de mémorisation. Je ne sais pas si je suis clair, mais la forme romancée peut apporter plus qu'un simple plaisir de lecture et une richesse de description, c'est aussi une autre façon de faire retenir le personnage.
Mais ça, ça marche si c'est bien écrit. Et donc ça marche sur l'orga à pris beaucoup de temps pour écrire les fiches.
Dans le genre fiche longue, pour l'Azkaban, après première lecture de la fiche, j'avais quasiment appréhendé et retenu le personnage. Par contre, pour le Shojo, ou dans une moindre mesure le Salem, c'est plus laborieux et il m'a fallut m'y reprendre à plusieurs fois. Et quand c'est trop long et pas super bien écrit, il y a un moment où ça ne devient plus agréable de relire plusieurs fois une fiche pour arriver à tout retenir du personnage.

Typiquement, les fiches de 200 ou 400 pages du masque et d'épée de Rôle, visiblement pas toute super bien écrite, je ne suis pas sur que j'aurai été au bout de la première lecture...

Perso, comme je sais que je n'ai pas forcément un super style, j'essaye de ne pas écrire plus qu'une dizaines de pages, j'ai toujours peur de perdre le joueur et qu'il ne soit pas dedans parce que sa fiche était trop longue et trop indigeste à lire.

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : jeu. 23 janv. 2014 10:28
par Fredou
Quel que soit ce dont on parle, ça marche généralement lorsque c'est bien fait, rarement quand c'est mal fichu, hein ? ;)

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : jeu. 23 janv. 2014 10:48
par Thanos
Fredou a écrit :Quelque que soit ce dont on parle, ça marche généralement lorsque c'est bien fait, rarement quand c'est mal fichu, hein ? ;)
Tout à fait d'accord ;)
Mais disons qu'une fiche moyennement bien écrite de 5 pages, ça passe. La même de 25 pages, ça risque d'être dur à lire (et encore plus à relire). Et si en plus il y a 200 pages, ça devient une purge.

Je n'encourage pas à faire du moyen, loin de là, mais disons qu'on a pas tous le même niveau, et que tout en cherchant à s'améliorer, il faut avoir conscience de ses faiblesses et en tenir compte au moment où on écrit. Et que jouer à "qui qu'a la plus longue" n'amène pas forcément de la qualité.

Par contre, quand c'est vraiment bien fait, c'est super plaisant, très immersif et effectivement on est plus vite dans le personnage et on retient naturellement ce qu'il y a à retenir.

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : jeu. 23 janv. 2014 13:52
par Gilles
Discussion intéressante! Merci à ceux et celles qui y contribuent :)

Voici quelques idées qui me viennent à la lecture du post:

- il peut y avoir confusion entre "littérature" et "romanesque" et "esthétique". Toute littérature de qualité au sens esthétique du terme n'est pas nécessairement romanesque, et encore moins romantique.

- les français, le luxe, la mode et la culture: on aime l'esthétique, on est les rois de l'esthétique! Jusque dans les feuilles de personnages!

Re: QM131 : Français et littérature

Posté : jeu. 23 janv. 2014 14:11
par Bross
Gilles a écrit : - les français, le luxe, la mode et la culture: on aime l'esthétique, on est les rois de l'esthétique! Jusque dans les feuilles de personnages!
Mouais. Comme Odile Deray et Serge Karamazov, je te dis : Italien, définitivement italien.