Forum de l'univers du huis clos

Sans doute pas n'importe comment, sans doute pas avec n'importe qui, mais je pense que oui, même si ce n'est pas du tout ma came.

A partir de la réponse de Fredou, je ne peux m'empêcher de penser à cette phrase de Pierre Desproges :
"Peut-on rire de tout ?"
"Oui, mais pas avec n'importe qui".
Je pense que cette réponse est aussi valable pour le GN.

Le choix du mot "pertinent" me dérange. Qui dit "pertinence", dit "avis posteriori" ou "objectif à atteindre". Hors, la fin d'un GN est souvent soumis à un flou volontairement artistique. Par conséquent, la "pertinence" ne peut être jugée qu'à la fin de l'événement, et la réponse sera fonction des actions entreprises. Dans l'absolu, les joueurs restent imprévisibles, quant bien même l'orga aura installé un cadre fort. Donc un même GN joué avec un public différent, sera tantôt pertinent, tantôt malavisé.

En outre, se pose l'éternelle question de qui est à même de juger de la pertinence. Là encore, je pense au public. Selon l'intelligence qu'il possède du sujet traité, il jugera de l'appropriation du sujet par l'orga, au travers du scénario et sa mise en place. Pour reprendre l'exemple, nos connaissances ne sont pas toutes égales quant au Francisme. D'où l'utilité d'un rappel historique pré-GN, afin de niveler. Mais nos systèmes de valeurs nous porteront à appuyer notre avis sur telle ou telle partie de la narration. Ainsi, les joueurs au caractère rebelle cibleront la question de la liberté, alors que d'autres cibleront la justesse (qualité et/ou véracité) des manipulations d'opinion.

Par ailleurs, je pense que les dimensions "récent" et "pertinence" n'ont pas de lien de cause à effet. Comme le répliquait Kilourh, on peut considérer un événement comme le Francisme, datant de plusieurs décennies, et lui conférer un éclairage pertinent, en jouant par exemple les proches de Franco. Nous avons tous appris à développer notre esprit critique, et le GN peut se définir comme un vecteur de cette capacité. Par là même, on peut reprendre toute sorte de fait d'actualité plus ou moins fraîche, et les envisager autrement, afin d'y mettre en exergue un (ou plusieurs) point(s) de vue pertinent(s).


PS : imparablement, ce sujet de conversation génère des points Godwin. Merci d'inscrire cette QM dans la culture Internet.

Tel qu'est posé la question, je comprends "récent" comme étant un débat sur lequel la société n'a pas encore exprimé tous les points de vue du problème. "Etre pertinent" signifierait que le GN serait un moyen d'explorer ce débat et de le faire avancer au-delà des réponses qui sont déjà énoncé par la société.

Le GN peux contribuer aux sujets de société au même titre que les penseurs ont de tout temps utilisé la fiction comme moyen d'aborder le problème sous des angles différents. La valeur ajouté du GN est de plonger les joueurs en immersion : pour comprendre le problème il faut le vivre de l'intérieur.
Résoudre le débat de société à travers le jeu est utopique, on reste dans du loisir ludique et le niveau spirituel sera plus proche de la discussion de comptoir.
C'est possible qu'il ressorte quelque chose de cohérent en multipliant les sessions et analyser les tendances qui se reproduisent d'une fois sur l'autre.
Espérer que que les joueurs ressortent du jeu avec une réponse pertinente ou un point de vue éclairé sur le sujet est très ambitieux, il seront certainement sensibilisé sur le sujet et s'ils ont aimé le jeu on peux parier qu'ils poursuivent leur propres réflexions personnels au-delà.

je pige la question comme toi pascale et j'aime ta réponse.

Pas mieux que Pascale.

Néanmoins, un petit ajout dans un débat plus large.

Je reviens sur quelque chose que tu écris avec beaucoup de justesse sur le rôle de la fiction comme angle d'approche original de sujets bien réels. Je constate tous les jours, dans mon métier, dans mon entourage, dans ce qui transpire d'échanges online, à quel point la frontière entre la fiction et la réalité devient difficile à tracer pour pas mal de gens. Contre toute attente, c'est plutôt du côté de ceux qui n'ont pas la sale manie de s'évader du quotidien, par le jeu ou la création, que cette difficulté est croissante.

Je n'accuse pas globalement nos contemporains d'abêtissement, même si parfois je n'en suis pas loin. Je crois simplement que notre monde est complexe, que la multiplicité et la fréquence des sources d'information brouille la compréhension, que le temps manque à chacun, à moins d'un investissement conscient, pour une analyse fine des événements. L'urgence générale qui caractérise l'information moderne, la brièveté des média immédiats, le renouvellement constant des sujets d'actualité anxiogène, rien ne contribue à la réflexion approfondie, tout pousse à l'opinion, au premier degré de l'interprétation et à l'incapacité de déceler l'ironie, l'humour, l'esprit, etc...

Comme la fiction, le théâtre, ou les arts en général, le GN, grâce à sa nature de parenthèse, de sanctuaire dans ce flot chaotique et ininterrompu d'informations, offre du temps de cerveau à nouveau disponible, élargit la palette des ressentis mobilisables, invite à renouer avec ce qu'il y a de plus subtil dans les rapports humains et invite à la découverte de l'autre, de l'ailleurs, de l'inconnu.

La question de la pertinence me paraît dès lors secondaire. A la rigueur, c'est la cerise sur le gâteau de l'ouverture d'esprit.

Par ailleurs, et pour conclure, il est également tout à fait possible d'utiliser un sujet de société en toile de fond, pour conférer une couleur particulière à un jeu, sans pour autant véritablement traiter ce sujet. Un exemple (pas terrible) qui me vient spontanément : une relation amoureuse entre, au hasard, un juif et une catholique, sera complètement différente selon qu'elle soit mise en scène en 1944 à Vichy, en 1960 à New York, en 1980 à Tel-Aviv ou en 2000 dans une cité du 93.

Là je suis en Lituanie au Larporatory
L'un des larp est au sujet de l'euthanasie.
Beh je peux vous dire que c'est pas de la tarte.