Parlons ciné - La vie d'adèle

principalement autour des huis clos et autres petits GN, mais aussi pour le plaisir de flooder.
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Baptiste
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Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Baptiste »

ça changera des pacific rim et autres batman. Il y a des chances que tout le monde l'ait vu et ce n'est pas un blockbuster américain.

Moi j'ai aimé ce film, sauf un aspect qui est la caricature et les stéréotypes. La lutte des classes entre les familles des deux filles, la vie d'artiste de l'une des deux sont traités d'une façon vraiment pas très subtile. Etre artiste signifie parler de Schiele en disant que c'est beau et en donnant les dates. Etre pauvre signifie manger salement, contrairement aux bourgeois qui boivent du vin et parlent de livre.

Sinon le film est puissant et ça tient beaucoup à la façon de faire de Kechiche qui ne coupe pas sa caméra là où d'autres la coupe. Il filme jusqu'à la fin, jusqu'à ce que les personnages quittent la pièce, se calment, arrêtent de baiser. Et j'adore ce que ça génère.

En GN, on coupe rarement les scènes et on est souvent dans des scènes longues qui ne s'arrêteront que lorsque les personnages se séparent ? Ce qui m'amène à la question suivante : "Dans un GN qui n'a pas prévu de coupure ou d'ellipse, comment gérez vous les fins des scènes, comment mettez vous fin à une conversation ?"
Joaquim
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Joaquim »

Ce film est absolument formidable.

J'avais déjà fait une analogie entre la méthode Kechiche et le GN, mais pas sur les mêmes points que toi :
- je pense comme lui qu'on joue beaucoup mieux quand on lâche prise. C'est avec ce lâcher prise qu'on atteint la vérité, l'émotion réelle et brute. Donc, il faut jouer fatigué. J'ai eu mes plus belles scènes de GN à des moments où j'étais à bout physiquement et moralement, ce qui rejoint ce que je disais dans un autre sujet à propos du temps long.
- je n'avais pas fait le lien avec la longueur des discussions de GN, mais c'est effectivement très vrai : pour du cinéma, les scènes de GN seraient beaucoup trop longues ; pour du GN, cette longueur est nécessaire pour essayer, rater, chercher des formulations, tourner autour du point auquel tous les participants à la scène se lâchent, jouent en harmonie, et atteignent leurs plus belles émotions. Un beau moment de GN, ça demande soit du génie (j'ai en une demie seconde une idée géniale que je mets très rapidement en application) soit du temps (je cherche mon idée géniale). N'ayant que très rarement du génie, je préfère compter sur le temps.

Quand on parle de filmer des GN, l'un des arguments pour s'y opposer est que les scènes sont beaucoup trop longues pour être filmées. En réalité ça n'est pas antinomique : il faudrait simplement que nos GN soient filmés par Kechiche.
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Lila
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Lila »

Radicalman
Je n'aime pas ce film. Il est long. Les actrices souffrent à l'écran et ça se voit, et moi ça m'exclue du film de voir des actrices qui galèrent avec un thème et un propos qui les dépassent. Le côté dictatorial de Kechiche ne me dérange pas (ou plutôt, me dérange moins)quand cela ne touche pas à des choses sexuelles ou intimes de ce type.
C'est une déformation de formation, mais je suis un peu traumatisée par le metteur en scène tout puissant, et les acteurs exécuteurs de la pensée géniale (qu'ils ne comprennent peut-être même pas.) J'ai besoin de voir de la jubilation, de "l'enjouement", que ce soit en GN ou dans un film. Et on peut traiter un thème chaud et chialer et s'éclater hors jeu (ex : Laurence Anyways sur le même thème)
C'est pas Adèle (le personnage) qui est perdue, c'est Adèle (l'actrice.)
Du coup j'en tirerais une autre question, moi, de ce film : peut-on faire souffrir ces joueurs (consciemment) pour la cause/le propos/le jeu ? (Réponse pour moi : non)
[/Radicalman]

Quand une scène de GN est trop longue et que y'a rien à looter (dsl, je dois aller faire mon tour de loot) ou à tuer (dsl, les orcs nous attaquent), je créé un enjeu dramatique ou narratif et je pars de façon théâtrale.

EDIT : j'ai posté une QM, donc vous pouvez continuer à débattre de la question de Baptiste ici.
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Baptiste
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Baptiste »

sur le film :

moi les actrices pourraient être mortes des suites du tournage que ça ne changerait rien.
Je crois qu'on obtiendrait pas les films de Kechiche en ne fatiguant pas les comédiens.
La scène de Laurence anyways avec la grosse colère dans le restaurant, j'en sors en me disant : "quelle actrice", alors que je "crois" à ce que je vois dans La vie d'adèle. Sauf quand ça parle d'art ou que ce sont des repas de famille.
Je ne trouve pas que laurence anyways soit sur le même thème au passage.


Sur le GN :
Ce ne sont pas toujours les mêmes pirouettes pour se barrer après une conversation ?
Parce que sur deux jours, on quitte 120 conversations. Difficile d'être inventif à chaque fois.
Joaquim
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Joaquim »

Lila a écrit :je suis un peu traumatisée par le metteur en scène tout puissant, et les acteurs exécuteurs de la pensée géniale (qu'ils ne comprennent peut-être même pas.)
Je le craignais un peu, mais à aucun moment du film je ne me suis dit "tiens, là ils les a maltraitées". C'était d'ailleurs une des craintes du réalisateur au moment de la polémique, que les spectateurs ne voient plus que ça. En fait pas du tout, tout ce qu'il y a autour du film s'efface complètement devant la vérité de l'instant et la grâce atteinte et fixée sur l'image.
(Qu'on soit bien clair, ça n'excuse pas le harcèlement ou les autres dérives, si celles-ci ont eu lieu. Je dis juste que ça ne m'est jamais apparu pendant le film)
Lila a écrit :C'est pas Adèle (le personnage) qui est perdue, c'est Adèle (l'actrice.)
Mais c'est ça qui est génial, en cinéma comme en GN ! :D
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Lila
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Lila »

Baptiste a écrit :sur le film :

moi les actrices pourraient être mortes des suites du tournage que ça ne changerait rien.
Je crois qu'on obtiendrait pas les films de Kechiche en ne fatiguant pas les comédiens.
La scène de Laurence anyways avec la grosse colère dans le restaurant, j'en sors en me disant : "quelle actrice", alors que je "crois" à ce que je vois dans La vie d'adèle. Sauf quand ça parle d'art ou que ce sont des repas de famille.
Je ne trouve pas que laurence anyways soit sur le même thème au passage.


Sur le GN :
Ce ne sont pas toujours les mêmes pirouettes pour se barrer après une conversation ?
Parce que sur deux jours, on quitte 120 conversations. Difficile d'être inventif à chaque fois.
Il faut que tu mettes radicalman avant le moment où tu dis que tu t'en fous que les actrices meurent.

[radicalman]
Je ne crois qu'aux situations dans la vie d'Adèle (exclusion, rupture, et j'ai passé des moments avec des bobos qui parlent comme les potes d'Emma, et avec des beaufs qui mangent comme les parents d'Adèle), en terme d'émotions tout est faux, fabriqué. Je trouve la caméra oppressante, et ça dessert le propos du film qui est censé être : la découverte de l'amour. J'ai pas été touchée du tout.
Quand je parle d'engagement, d'enjouement, d'implication, je veux dire qu'exiger et communiquer (ou même manipuler), c'est pas la même chose. Un cinéma qui maltraite autant ses acteurs n'est pas un cinéma qui m'intéresse. Tant pis pour l'Art. L'Art, c'est moins important que les gens, les vrais. En tout cas dans ma conception.
[/radicalman]

Par contre, t'as raison, le thème de Laurence Anyways a rien à voir, je sais pas pourquoi j'ai dis ça, n'importe quoi.

Sur les GN, c'était un peu une boutade, parce qu'en fait j'ai pas fait assez de GN pour me faire chier dans une scène où je suis active. C'est plus genre sur des scènes solennelles où tu dois fermer ta gueule et écouter en mode spectateur, ça quand c'est chiant c'est horrible, et c'est difficile à couper.
Joaquim a écrit :Je le craignais un peu, mais à aucun moment du film je ne me suis dit "tiens, là ils les a maltraitées". C'était d'ailleurs une des craintes du réalisateur au moment de la polémique, que les spectateurs ne voient plus que ça. En fait pas du tout, tout ce qu'il y a autour du film s'efface complètement devant la vérité de l'instant et la grâce atteinte et fixée sur l'image.
Pas pour moi, tu l'auras compris.
Et je suis pas d'accord, dans un GN quand tu es perdu et que tu dis "STOP", ça s'arrête. Là quand elle disait STOP, Kecchiche la suivait aux toilettes pour la filmer entrain de gerber (youhou.) Je nie la toute puissance de l'orga sur un GN, c'est pas pour l'accepter au cinéma, désolée^^
Joaquim
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Joaquim »

Lila a écrit :Et je suis pas d'accord, dans un GN quand tu es perdu et que tu dis "STOP", ça s'arrête. Là quand elle disait STOP, Kecchiche la suivait aux toilettes pour la filmer entrain de gerber (youhou.) Je nie la toute puissance de l'orga sur un GN, c'est pas pour l'accepter au cinéma, désolée^^
Pardon, j'étais en accord avec la finalité, celle d'atteindre un certain lâcher prise, quitte effectivement à répéter à l'extrême pour exténuer l'acteur, par exemple. Par contre, sur les moyens, s'ils sont aussi violents que toi ou certains témoins l'ont décrit (exemple de cette histoire de gerber aux toilettes), je n'excuse pas même si ça amène à un très beau résultat.

EDIT : je me relis et ce message n'est pas clair du tout.
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Lila »

Joaquim a écrit :Pardon, j'étais en accord avec la finalité, celle d'atteindre un certain lâcher prise, quitte effectivement à répéter à l'extrême pour exténuer l'acteur, par exemple. Par contre, sur les moyens, s'ils sont aussi violents que toi ou certains témoins l'ont décrit (exemple de cette histoire de gerber aux toilettes), je n'excuse pas même si ça amène à un très beau résultat.

EDIT : je me relis et ce message n'est pas clair du tout.
Pour le coup, tu crois pas qu'aimer le film c'est un peu excuser ? Je m'explique : si Kecchiche n'avait pas maltraité à ce point ces actrices, le film ne serait pas aussi magnifique que vous le dîtes. C'était nécessaire. Dire ce film est génial c'est pas dire "ça en valait la peine" ? C'est un peu comme manger de la viande alors qu'on est contre la violence animale en disant "en même temps elle a été tuée, autant la manger, et en plus c'est délicieux." :mrgreen: C'est pourquoi je dis tant pis pour l'Art, nos vies valent mieux que son profit^^ Je dis ça, mais en même temps c'est facile pour moi, j'ai pas aimé ce film :D Quand je verrai les oiseaux d'Hitchcock pour lequel l'actrice a été enfermée plusieurs semaines pour "rentrer dans son personnage", et que je kifferai, je fermerai ma gueule.
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Leïla
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par Leïla »

Lila a écrit :tu crois pas qu'aimer le film c'est un peu excuser ?
C'est une question intéressante, mais je pense qu'on est toutes les deux d'accord pour dire qu'on peut aimer et remettre en question. Si là, on aime le produit fini (j'ai adoré ce film qui m'a profondément touché), ça ne veut pas dire qu'on cautionne les méthodes. Excuser ce serait dire, en tout connaissance des faits (que j'estime être loin d'avoir) : il faudrait laisser Kechiche refaire la même chose, exactement pareil, en traitant son équipe de la même manière, parce que le résultat vaut cette souffrance.
Est-ce qu'on ne retourne pas là la question du lien entre ceux qui créent et leurs œuvres : est-ce qu'on peut fermer les yeux sur la personne qui crée et sur le processus de création ? Est-ce que l'oeuvre devient autonome quand elle est achevée ? Je crois qu'on peut parfaitement voir La vie d'Adèle sans voir quoi que ce soit d'autre que le film (et que ton visionnage est marginal parce que tu regardes des choses que les autres ne voient pas).

Et pour revenir sur la question de base : je trouve toujours ça légèrement difficile/gênant de finir une conversation dans la vie, que ce soit parce que j'ai autre chose à faire, que je m'ennuie ou alors que j'ai très envie de rester mais dois partir. Je pense que c'est pas très différent en GN et je ne vois pas trop ce qu'on pourrait développer comme techniques. Je suppose que ça dépend pas mal du personnage.
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fenriss
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Re: Parlons ciné - La vie d'adèle

Message par fenriss »

Perso, je n'ai été qu'a moitié convaincu par le film, surement parce que j'avais beaucoup apprécié la BD et que le réal s'en éloigne beaucoup.
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Concernant la polémique sur les conditions de travail, je n'en ai entendu parler qu'après le film, Kechiche n'est pas le premier, on raconte des choses horribles sur la manière dont Hitchcock traitait ses actrices, personnellement je ne suis pas trop fan de ce comportement, bien sur il faut parfois pousser un peu l'acteur dans ses retranchement pour obtenir une prestation de qualité, mais ça reste une vie humaine, on ne va pas a briser juste pour la beauté de l'art. J'aurais beaucoup de mal a apprécier un film si j'apprenais que l'acteur s'était suicidé juste aprés.

Quant à la question Gn, j'avoue n'y avoir jamais réfléchi je dirais que la scène se finit d'elle même, ou l'un des joueurs de la scène à quelque chose d'autres à faire et donc s'en va, où le Gn rattrape la scène forçant les joueurs à faire autre chose.
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