QM 103 : l'inspiration

principalement autour des huis clos et autres petits GN, mais aussi pour le plaisir de flooder.
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Pascal
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Pascal »

Sam a écrit :Pascal, Afrosiatik était bourré de références. Au hip hop, certes, mais de références quand même. Et ce jusque dans les BG. Moi je limite pas la définition de geek à la SF, l'heroic fantasy et autre. T'es un geek dès que tu es passionné par un truc qui n'est pas mainstream. Tu peux être un geek du clavecin ou de la philatélie, après tout. Donc à ce titre, pour moi, Afrosiatik était bourré de références geeks. Est-ce que ça en a fait un mauvais GN ? À mon avis, loin de là.
Je comprends ton raisonnement mais il repose sur une définition du geek qui me semble discutable.

Si c'est effectivement comme ça qu'il faut définir "geek", alors oui, le GN est plein de références geek, le GN est même geek par essence. Et toute cette discussion n'a plus guère d'intérêt parce qu'elle revient à demander si un truc fondamentalement geek contient des références geek. Dès lors, la seule chose qui pourrait permettre de le rendre moins geek ne tiendrait pas à changer ses références mais à faire en sorte qu'il devienne mainstream.

J'ai un peu de mal avec cette définition, comme avec l'idée que le hip-hop ou la philatélie soit geeks. J'ai l'impression que ce qui définit le geek est certainement un peu flou mais se situe entre l'adolescent boutonneux fan de gadgets électroniques et d'informatique et l’hyper-spécialiste dans un champ de connaissance non académique (non mainstream ?). Ainsi, les barjots de "Big Bang Theory" sont geeks, l'encyclopédie vivante de Startrek est geek, le gars qui parle Klingon ou qui sait lire l'elfique dans le texte est geek. Mais quoiqu'il s'en prétende parfois, un fan de séries télévisées n'est pas un geek. Un utilisateur de Facebook ne l'est pas davantage.

On en revient toujours à définir...

Bref, soit on étend le champ de définition du geek très au-delà de la technologie et de la binoclardise à bouton, et dans ce cas là on englobe le GN, soit on reste plus modéré et je cherche toujours les références geek dans la plupart des GN.
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Sam
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Sam »

En fait, on est pleinement d'accord ;) !
Joaquim
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Joaquim »

Pascal a écrit :soit on reste plus modéré et je cherche toujours les références geek dans la plupart des GN.
Tu le fais exprès de pas me comprendre, hein ? :P
J'ai justement dit que ce que j'évoquais allait au-delà des références, des clins d’œil, de l'évocation de la culture geek... Je parlais de la construction du GN, des buts qu'on poursuit, etc... En quelque sorte (et en caricaturant), les GN sont écrits par des geeks, pour des geeks, et on s'arrange donc pour retrouver ce qui plaît dans les autres médias qui ont la même cible : par exemple, des aventures, de l'évasion, du rêve, être un héros, etc. Ça peut très bien se faire dans un GN se passant sous Louis XIII ou en 1950, et ça n'a rien à voir avec les nouvelles technologies ou Star Trek.
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Pascal
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Pascal »

Joaquim a écrit :Tu le fais exprès de pas me comprendre, hein ? :P
Non, du tout, mais il faut dire que je répondais plutôt à Sam.
Joaquim a écrit :J'ai justement dit que ce que j'évoquais allait au-delà des références, des clins d’œil, de l'évocation de la culture geek... Je parlais de la construction du GN, des buts qu'on poursuit, etc... En quelque sorte (et en caricaturant), les GN sont écrits par des geeks, pour des geeks
Une activité faite par des geeks pour des geeks... peut-être.

Tous les GNistes ne sont pas des geeks mais j'admets volontiers qu'ils sont très majoritaires. Toutefois, les références auxquelles tu fais allusion : des aventures, de l'évasion, du rêve, être un héros. Est-ce qu'elles sont geeks ? Ne les retrouve-t-on pas dans les classiques de la littérature, du théâtre, du cinéma et même de l'opéra ? De l'Odyssée aux Contes d'Hoffmann, on retrouve bien aventures, évasion, rêve, et héros. Serais-tu en train de dire que le GN n'a pas encore sa Marche de l'Empereur, son Voyage au bout de la nuit, sa Disparition ?
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Muriel A
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Muriel A »

Joaquim a écrit :Je me répète, mais ce que je veux dire, c'est qu'on vient souvent chercher en GN ce qu'on vient aussi chercher dans d'autres médias (cinéma, littérature, etc). D'où, à mon sens, le fait qu'on fabrique surtout des GN destinés à faire rêver, voyager, vivre des aventures, être un héros... comme, il me semble, dans la majorité des autres œuvres classées "geeks".
C'est simplement l'impact d'une influence littéraire en général (beaucoup de GN vont aussi chercher leurs inspis du côté du roman XIXe), et de l'image des littératures de l'imaginaire (SF, Fantasy) traitées longtemps comme une sous-culture, qui n'intéressait que les "geeks". Ce n'est plus très vrai de nos jours depuis les films du SdA, il n'y a qu'à voir la popularité de Game of Thrones.

En revanche, sur l'approche "personnage de GN = protagoniste", accentuée encore plus dans l'approche romanesque où beaucoup ont repris pour eux l'expression "chaque joueur doit être le héros de sa propre histoire", deux explications à mon sens :
1 - La volonté de rompre avec l'approche des jeux actions/aventures, où il n'y avait justement pas de PJ protagoniste, juste des membres de groupes et délégations (qui pouvaient se créer un jeu de protagonistes entre eux, mais sans que cela n'ait d'impact sur la trame générale)
2 - un facteur catharsis qui fait que ce registre, surtout dans sa forme romanesque, a fini par être largement apprécié et recherché. Il se distingue pour moi de l'effet bleed dans le sens où le truchement du personnage joue toujours, et l'appréciation des émotions ne fonctionne qu'à hauteur de l'empathie du joueur pour le personnage qu'il interprète (d'où par exemple le travail conséquent, dans ces jeu, sur les rôles de "méchants" souvent bien plus complexes que dans la plupart des oeuvres de fiction) Ce travail sur les émotions, la manière dont elles sont de plus en plus recherchée par une frange (quoique minoritaire) de la population, expliquent qu'on reste dans une logique d'évasion, d'écriture par le protagoniste (qui est d'ailleurs de moins en moins souvent un héros au sens strict du terme). Et parce que l'effet recherché est proche de celui généré par d'autres média culturels, décuplé par le fait que le joueur-interprète se trouve au centre de sa propre action, cette quête émotionnelle est pour moi de l'ordre de la catharsis, et se trouve être valorisée parce que nombre de joueurs y trouvent leur compte et ce qu'ils recherchent dans le GN.
Joaquim
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Joaquim »

J'aime beaucoup tes éléments d'explication, Mu !
Gilles
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Gilles »

Muriel A a écrit : Un facteur catharsis qui fait que ce registre, surtout dans sa forme romanesque, a fini par être largement apprécié et recherché. Il se distingue pour moi de l'effet bleed dans le sens où le truchement du personnage joue toujours, et l'appréciation des émotions ne fonctionne qu'à hauteur de l'empathie du joueur pour le personnage qu'il interprète (...) Cette quête émotionnelle est pour moi de l'ordre de la catharsis...
J'aime beaucoup cette distinction entre le bleed et le facteur catharsis lié à la qualité de composition "artistique" du personnage. Je trouve qu'il y a là un élément très essentiel qui vient opérer une profonde distinction dans la nature même du jeu.

Pour rester trois secondes dans le sujet de la QM, à mon avis, par le besoin intrinsèque de maîtrise qui colle à la représentation des Geeks, les GN romanesques leurs correspondent mieux que les GN à fort "bleed". Le bleed pour moi, c'est pas geek du tout.

Bon sinon, sur la catharsis et la quête émotionnelle, je crois qu'on peut être plus précis dans les termes. Autant le bleed cherche l'émotion et peut provoquer un phénomène cathartique au sens psychologique du terme (retour du refoulé) de par la faible distance qui existe entre le joueur et la situation (d'autant plus faible que le personnage est anecdotique), autant le romanesque ne me semble pas tant chercher l'émotion que le sentiment. Et la catharsis s'inscrit alors dans une dimension plus esthétique, plus contrôlée, et plus symbolique.
Pourquoi faire simple quand on peut faire très, très compliqué?
In: Questions fondamentales de la psychologie à deux mains
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Lila
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Lila »

Je vois beaucoup le mot catharsis employé à pas mal de sauces ici.
Ce mot a plusieurs sens, c'est à la fois quelque chose de médical/psychologique, et un terme artistique très galvaudé, un peu utilisé à tort et à travers. Je pense que ce serait pas mal que ceux qui l'emploient ici définissent un peu ce que ce terme veut dire pour eux, parce que pour moi c'est pas clair du tout, merci.

Muriel
"Il se distingue pour moi de l'effet bleed dans le sens où le truchement du personnage joue toujours, et l'appréciation des émotions ne fonctionne qu'à hauteur de l'empathie du joueur pour le personnage qu'il interprète"

"décuplé par le fait que le joueur-interprète se trouve au centre de sa propre action"

Gilles
"Autant le bleed cherche l'émotion et peut provoquer un phénomène cathartique au sens psychologique du terme (retour du refoulé) de par la faible distance qui existe entre le joueur et la situation (d'autant plus faible que le personnage est anecdotique), autant le romanesque ne me semble pas tant chercher l'émotion que le sentiment. Et la catharsis s'inscrit alors dans une dimension plus esthétique, plus contrôlée, et plus symbolique."

C'est quoi la différence entre émotion et sentiment ?

Le phénomène de catharsis, en tout cas au sens théâtral primaire du terme (Aristote quoi), a déjà une signification hyper floue, elle est employé une fois dans la Poétique, et une fois dans la Politique, toujours pour parler d'un rôle de spectateur. Imaginaire, d'ailleurs, puisqu'on sait aujourd'hui qu'Aristote n'a jamais vu de représentation théâtrale, mais bon.
En gros, comment l'emploie Aristote, c'est "en éprouvant des émotions au théâtre, on les purge pour ne plus les éprouver dans la cité". Les émotions citées par lui sont la crainte et la pitié, je crois, faudrait que je me repenche dessus. La crainte, c'est l'émotion pure du joueur par exemple s'il voit un monstre, et la pitié ce serait du coup un sentiment, en rapport avec l'autre, pour l'autre, cet autre qui n'existe pas (le personnage). Sauf que.
La définition romanesque de la catharsis est lié à cet héritage aristotélicien, centré sur le texte et le sens, mais sans aucune accroche au temps de la représentation qui est quand même, selon moi, le truc le plus important au théâtre.
Certains chercheurs, notamment Carole-Talon Hugon et Florence Dupont, ont travaillé sur la catharsis en essayant de se détacher de cette définition faussée, et en se concentrant sur l'expérience vécue par ceux qui allaient au théâtre à l'époque. L'une parle de purgation d'émotions feintes, qui ne peuvent être ressenties par les acteurs, l'autre parle de "fête des larmes" (j'ai déjà évoqué cette expression dans la discussion sur "le GN pour quoi faire").
La notion de jubilation est très importante dans ma définition de la catharsis. Elle est provoquée souvent par l'esthétique, le moment précis, pas par l'histoire, comme je le disais plus haut c'est certains aristotéliciens qui ont développé le côté narration du processus. Les Grecs et les Romains n'allaient pas au théâtre pour remettre en question leur moi intérieur, cette idée est à proscrire, les histoires qu'on leur racontait étaient extraordinaires pour que justement il n'y aient aucun impact sur leur vie quotidienne. C'était un temps dédié aux dieux, sans pouvoir sur la vie de tous les jours. Donc tout le côté psycho de la catharsis est pour moi une déviation du terme du à un plaquage de nos attentes héritées du drame 18ème.
Pour le coup dans le GN le terme de bleed (très centré sur mes émotions de joueurs/les émotions de mon personnage) me paraît très adapté en terme d'expérience en mode Turku style. La catharsis, ce serait plutôt la grâce collective, esthétique dont on parlait avec Bross sur l'autre sujet (le GN pour quoi faire).

Du coup vous parlez de quelle catharsis ? Parce que comme vous pouvez le constater, ce terme est flou, et on peut mettre un peu ce qu'on veut dedans, ce que je fais la première, puisque les bases sont construites sur du vent.
Modifié en dernier par Lila le lun. 30 sept. 2013 10:17, modifié 1 fois.
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Thomas B.
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Thomas B. »

Afroasiatik était blindé de références geeks quelle que soit la définition, même si pour moi c'est plus un GN "de genre" qu'un GN "de geek". La définition de Sam est plus globale, plus américaine (je dis souvent "I'm an 18th century geek" pour décrire mon obsession de perruques poudrées et autres philosophes des lumières), celle de Pascal plus historique et plus française.

Le côté geek hip-hop/ragga était évident (perso calqués sur Public Enemy, NTM et Assassin, Kool Herc et Haïlé Sélassié dans le background etc) et seuls les spécialistes du genre ont pu choper toutes les allusions. Donc de la private joke assumée, mais qui n'empêche pas au grand public de choper l'essentiel du jeu.

Le côté geek "classique" était en fait dans la partie asiatique: animation japonaise (Samurai Champloo, Afrosamurai, voire Dragon Ball pour le tournoi des arts martiaux) et films de kung fu. Des joueurs m'ont d'ailleurs sorti des références d'anime ou des jeux vidéos que je ne connaissais pas au moment de leur inscription.

Pour moi la question n'est pas de savoir s'il y a trop de références geeks dans le GN mais:
- comme dit plus haut, est-ce qu'il y en a trop pour moi? Si oui, et que je veux des GN "Plus belle la vie", "L'instit" ou "Louis la Brocante", et ben j'en fais part à mes potes orgas, et si ça les botte pas ben je me sors les doigts du cul et j'en écris moi même
- est-ce que c'est le genre de références geeks que j'aime? Souvent pour moi la réponse est non. Naheulbeuk et la fantasy à Papa ça me gave, donc pour faire court j'en écris moi-même et ça donne Afroasiatik. Le plus dur quand on fait de la référence geek pas mainstream c'est de trouver des gens qui ont les même, donc merci à Shub NigguBarth et aux joueurs qui ont compris le délire. Parfois c'est un détail mineur donc j'en meurs pas, genre les uniformes de l'équipage du Jedi Knight que j'avais fait me faisaient plus penser à Star Trek qu'à Star Wars et je déteste Star Trek, mais j'en suis pas mort :)
- est-ce que les références geeks ont leur place et sont assumées? Dans un GN médiéval historique ou méd-fan avec un univers ayant une identité propre, je ne veux pas de blagues Kaamelott. Si un jour j'écris un GN XVIIIe il n'y aura pas de références à Lady Oscar. Donc pour moi le souci est plus là, l'invasion de références geeks dans des trucs qui n'ont rien à y faire, le côté "cheveux sur le soupe". Quand je fais du geek j'y vais à fond par contre, c'est jouissif.

Mais pas partout, pas tout le temps, et pas n'importe quoi.
Modifié en dernier par Thomas B. le mar. 1 oct. 2013 09:24, modifié 1 fois.
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Muriel A
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Re: QM 103 : l'inspiration

Message par Muriel A »

Lila a écrit :Du coup vous parlez de quelle catharsis ? Parce que comme vous pouvez le constater, ce terme est flou, et on peut mettre un peu ce qu'on veut dedans, ce que je fais la première, puisque les bases sont construites sur du vent.
Ton point historique est très correct et bien plus érudit que je ne pourrais l'être. Plus généralement, j'emploie sans doute le terme de facteur catharsis dans son acceptation de trope médiatique, qui dérive de la définition aristotélicienne mais en l'appliquant à tous les supports culturels visant à susciter une réaction émotionnelle. Plus généralement, et certainement de manière galvaudée puisque ce n'est qu'une perception personnelle, j'ai voulu rapprocher cette expérience de ce que j'observais et vivais en GN. Explication
Pour le coup dans le GN le terme de bleed (très centré sur mes émotions de joueurs/les émotions de mon personnage) me paraît très adapté en terme d'expérience en mode Turku style. La catharsis, ce serait plutôt la grâce collective, esthétique dont on parlait avec Bross sur l'autre sujet (le GN pour quoi faire).
Pas vraiment à mon sens, je vais tâcher d'expliquer pourquoi. L'effet collectif et l'impact sur le groupe étant un autre sujet, je le mets de côté pour l'instant. Pour le reste, je ne revendique pas plus qu'une opinion personnelle, on est bien d'accord.

Je joue beaucoup dans la veine GN "à émotions", romanesque souvent, qui suscitent parfois des réactions émotionnelles spectaculaires (le flot de larmes étant devenu le moyen le plus cliché de l'illustrer, mais non le seul registre). Au départ, oui, la réponse était toute simple : c'est du bleed. Le problème est que la plupart des joueurs dans cette veine rejettent cette approche, et revendiquent les émotions vécues comme étant bel et bien celles du personnage, devenant authentiques par le biais d'une parfaite appropriation du rôle. On pourrait argumenter qu'il s'agit d'une hypocrisie et d'une mise à distance par laquelle le joueur se protège, mais où situer les joueurs qui recherchent des émotions différentes des leurs, ou une exploration de leur vaste palettes à travers des personnages différents, les rôles de "méchants" notamment? Il est évident qu'à un niveau plus ou moins conscient, tout cela va plonger dans les expériences et émotions du joueur lui-même, mais ce n'est ni fondamental, ni systématique.

Dans cette même veine, face à une approche réaliste ou des choses plus proches d'eux, beaucoup disent "ça ne me fait pas rêver". Mais l'escapism n'est pas tout, de plus en plus de GN romanesque ne font plus jouer dans la haute société ou des protagonistes potentiellement héros (l'ambiance rurale du Truso est un bon exemple) Donc la mise à distance reste de mise, mais n'exclut pas non plus une diversité de thèmes ou d'approches. La méfiance reste de mise face à tout ce qui ciblerait directement le joueur, plutôt que le personnage au travers duquel le joueur est impliqué.

Conclusion : pour moi, cette manière de jouer que je cotoie beaucoup du fait de ma propre pratique, très émotionnelle mais qui n'exprime bien les émotions qu'au travers de l'expérience du personnage, ses souffrances comme ses réussites, et qui permet d'exprimer une gamme de sentiments variés, se rapproche du facteur catharsis, et n'est pas totalement du bleed au sens où je l'ai vu présenter. Pour rester dans le cadre du sujet, je pense aussi que c'est la raison pour lesquelles les références (littéraires entre autres) fonctionnent, car elles favorisent cette projection dans l'univers de fiction.

Mais bon, une fois encore, ça reste de la pure opinion personnelle, et sans doute qu'avec ça Joachim va finir par comprendre pourquoi il vaut mieux que je me contente d'écrire des scénars, et pas de théoriser.
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