la peur en GN

[Binou]

J'aime bien flipper en GN, mais cela m'est arrivé très (trop) peu souvent... du coup je me suis posé ces questions

Avez-vous déjà eu peur en GN ? dans quelles conditions ?
Généralement on dit qu'il vaut mieux suggérer que montrer, vous avez des exemples de choses qui ont été faites et qui ont bien marché ?

[fenriss]

la seule peur que j'ai jamais eu en Gn, c'est celle de me casser la gueule dans une scène nocturne non éclairée

Blague à part, la seule peur que j'ai eu sort un peu du cadre dont tu veux parler je pense, c'était la peur de me faire butter, parce que je venais de dévoiler un secret à quelqu'un qui avait toutes les raisons de m'en vouloir et qu'un seul mot de sa part aurait pu m'aliéner tout les autres joueurs. Bref, c'est plus de l'angoisse que de la peur. Sinon, malgré que j'ai fait au moins deux jeux d'horreur, je n'ai pas ressenti le moindre frémissement

[Magali]

Moi j'ai eu peur sur mon premier GN,en étant poursuivie de nuit par des zombies. Je me demande si le fait que c'est mon premier GN a pu accentuer cette peur, je n'en sais rien.

J'ai eu peur sur un GN Harry Potter, en cours de potions avec Rogue, qui était terriblement effrayant.

J'ai eu peur sur la Valse des Pantins aussi, mais je ne vois pas comment en parler sans spoiler. Pareil pour Sanitarium.

[Guliver Ithildin]

Pareil que Fenriss, il ne m'est jamais arrivé d'avoir peur à cause de manigances scénaristiques; juste parce que je pouvais me casser la figure dans le noir ou parce que mon personnage pouvait mourir. Je pense que c'est très difficile d'arriver à effrayer des joueurs qui savent pertinemment que tout cela n'est qu'un jeu. La plus part du temps, on est en groupe, ce qui tend à réduire l'ambiance oppressante. Peut être que sur un GN mono-joueur ce serait plus facile (;)).

Par contre, j'ai participé à une MP qui se voulait horrifique, mais qui n'a été qu'une surenchère de gore et d'hémoglobine au final. Les organisateurs avaient simplement une notion de l'horrifique plus centrée violence sanguinaire qu'atmosphère et situations inquiétantes.

[Baptiste]

On a organisé deux GNs horreur.

à chaque fois pour un seul joueur.
Le premier pensait être dans un jeu avec une dizaine de joueurs qui étaient tous PNJs, le second n'avait pas de rôle et a juste vu sa fête d'anniversaire partir en cacahuète.

Dans le premier cas, le joueur, qui était un ami, a voulu s'enfuir du site de jeu en escaladant une grille hérissée de pointe tellement il a flippé et a eu du mal à nous parler ensuite pendant un bon moment. On a du arrêter le jeu avant le grand final.

Dans le second cas, le joueur faisait partie de l'équipe d'orgas du premier et a adoré, mais il a tout de même eu la trouille de sa vie.

Moi j'ai eu peur plusieurs fois lors de la préparation des deux jeux, parce qu'on testait les idées de mises en scène sur les autres, ce qui signifiait qu'on pouvait être réveillé un matin par une fille en costume "the ring" sans sommation.

Des souvenirs exceptionnels de jeu. Pour la mise en scène, on utilisait des choses sobres d'histoires de fantômes surtout emprunté au cinéma asiatique. apparition aux fenêtres d'une femme en blanc avec un masque, un petit garçon avec la bouche cousue. En général, c'est l'association de deux éléments contradictoires qui est à l'origine de la peur. Le fait de ne pas bien conceptualiser ce qu'on a en face de nous.
Par exemple, un vieillard qui joue comme une petite fille avec une poupée ou à contrario, un enfant qui a un regard et une voix d'adulte. L'épouvante c'est complexe à mettre en scène mais c'est si bon...

[fenriss]

La plus part du temps, on est en groupe, ce qui tend à réduire l'ambiance oppressante. Peut être que sur un GN mono-joueur ce serait plus facile (;)).

C'est pour ça qu'un vrai gn horreur devrait être conçut pour diviser au maximum les joueurs.
Il peut le faire réellement en s'arrangeant pour qu'ils soient obligé de se répartir sur le site, ou symboliquement en jouant sur la paranoia et en laissant comprendre que n'importe qui peut-être un danger pour nous.(tueur infiltré)
Perso je reste convaincu qu'il ets possible de faire un jeu d'horreur, par contre je pense que ça doit être très dur à mettre en place car ça demande une conceptualisation et une logistique à toute épreuve

[Fredou]

Je n'ai pas le temps de développer mais j'en ai joué plusieurs qui étaient vraiment fabuleux dont le "3 pivoines pour Miss Pellington" aussi connu sous le nom "Devil's mouth" qui était un sommet du genre (une quarantaine de participants).

Pour répondre à "Je pense que c'est très difficile d'arriver à effrayer des joueurs qui savent pertinemment que tout cela n'est qu'un jeu", je tiens à dire qu'on pourrait dire la même chose des spectateurs d'un film et pourtant ça marche. Ce n'est vraiment pas le problème.

[lucieXperience]

je ne me souviens pas avoir déjà eu peur en GN, mais je suis une grosse flipette donc
1) je ne participerai jamais à un GN horreur
2) je suis persuadée que je peux avoir très peur en GN.

[vincent]

A mon avis la clef c'est surtout de vouloir se faire peur.
Comme pour un film, les conditions et l'état d'esprit dans lequel on se met font pour moi l'essentiel de la peur qu'on peut ressentir. Il m'est très facile de refuser complètement la peur en regardant un film, comme il m'est très facile de la refuser en jouant un GN. A l'orga de mettre les conditions pour que le joueur ait envie de se faire peur, et une fois qu'il a réussi à faire ça l'essentiel du boulot est fait.

Ma plus grosse peur en GN je me la suis fait tout seul comme un grand en partant explorant seul un cimetière dans la nuit à la lueur d'une lampe. 0 pnj. 0 effets spéciaux. 0 intervention orga. Juste du vent dans les feuilles et un hibou dans un arbre.

[Bross]

Avec le 5ème Eléphant nous avons organisé un jeu para-historique dont la peur était le ressort principal, jusqu'à son titre : Angst.

Lors de l'écriture, puis pendant le jeu, nous avons résisté à la tentation de matérialiser l'horreur. Notre démarche était d'installer une une sensation de menace, et de laisser les joueurs faire le reste du chemin vers la peur. Déjà, s'agissant d'un jeu para-historique, point de gros monstre épouvantable, l'horreur se nichait ailleurs, dans les situations et les personnages. Ensuite, nous voulions mettre en scène la dégradation progressive de la santé mentale des personnages. Leur environnement de changeait pas, c'était leur perception de cet environnement qui devait changer, altérée par la peur.

Nous avons donc essentiellement suggéré. Il suffit de très peu de choses. Quelques diodes rouges et une bande son "hurlements de loups" qui se déclenchent ensemble lorsqu'on s'approche près de la forêt. Un PNJ "ninja" qui gratte et renifle de l'autre côté de la porte. Une lourde grille qui se referme "toute seule" sur vous juste après que vous soyez entré dans un tombeau lugubre. Ce qui était compliqué, c'était de superviser à tout moment tout le site du jeu pour déclencher ces petites choses à bon escient. Nous fûmes 4 personnes à temps plein pour assurer un maillage convenable. Mais ça a payé au-delà de nos espérances.

A l'inverse, les rares événements un peu plus prévus, davantage scénographiés, ont connu des fortunes diverses. Je pense, au chapitre des grandes réussites, à une scène de cauchemar collectif qui demeura inoubliable pour tous ses participants, ainsi qu'à une apparition démoniaque particulièrement savoureuse. Point commun de ces deux scènes : elles étaient particulièrement stylisées et la source de l'horreur (les éléments du cauchemar et le diable) n'étaient pas réellement incarnés mais suggérés : jeux de lumière dans des écrans de fumigènes, vidéoprojection live, musique d'ambiance, mais toujours pas d'adversité concrète. Les événements moins réussis ont souvent comme point commun d'avoir matérialisé la source de la peur, par paresse, aléa technique / plan B, ou par habitude.

Je vous renvoie à la galerie photo pour juger sur pièces :



Sur ce cliché, par exemple, une scène d'horreur pure pour le joueur, pourtant tout seul dans une pièce avec un projo bien placé. Un orga situé dans une pièce voisine l'observait via une caméra de surveillance. Des hauts-parleurs dissimulés aux quatre coins de la pièce permettaient à l'orga de parler au joueur, avec une voix d'outre-tombe qui se déplaçait dans la pièce.
Même dispositif pour cet autre joueur, un chevalier teutonique qui interroge Dieu, tout seul, dans une salle obscure (et qui ne s'attendait pas à ce que Dieu se manifeste jusqu'à ce que la lumière s'allume). Sensations garanties. Cette fois le volume sur les 4 haut-parleurs était identique pour cerner le joueur.