Le roleplay

principalement autour des huis clos et autres petits GN, mais aussi pour le plaisir de flooder.
Graziella
Expert de miches
Messages : 530
Enregistré le : lun. 7 févr. 2011 22:32
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Graziella »

C'est avec ce genre de phrase que je comprends pourquoi t'écris du Star Wars ;)

Dans notre dossier joueur il y a une phrase du même genre dans les conseils aux joueurs:
L'art du compromis est souvent utile, mais parfois il est utile de ne pas faire de compromis.

Graziella
Avatar du membre
Pascal
Amiral du Fair-play
Messages : 712
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:06
Localisation : Château Gratry, Halluin, Nord
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Pascal »

Bon de toute façon c’est le moment d’aborder la suite, sinon Baptiste va être très déçu.

Donc logique du personnage vs logique du jeu, kesako ?

La logique du personnage est une façon d’appréhender son roleplay, qui consiste à orienter ses décisions vers ce qui répond le mieux à la psychologie et aux objectifs du personnage. A l’inverse, la logique du jeu consiste à donner plus de poids à la qualité globale du jeu et à ce qui favorise celui des autres.
Ce qui est important dans la logique de personnage c’est d’être fidèle à celui-ci, de ne surtout pas trahir les éléments dont on dispose pour le définir. Ce qui est important dans la logique de jeu c’est d’apporter une contribution à la qualité globale des interactions et au plaisir de tous.

Par exemple, imaginons une situation où le personnage est l’ignoble Docteur No. Son objectif est de dominer le monde et d’éliminer quiconque s’y oppose. Il détient James Bond, ligoté, sous la menace d’une arme. A deux pas de là, la jolie fille amoureuse de James est inconsciente mais ne va sans doute pas tarder à se réveiller. La logique de personnage conduira le Docteur No à mettre une balle dans la tête de l’agent secret, puis une autre dans celle de la fille, et ensuite d’aller dominer le monde. La logique de jeu le conduira à expliquer longuement à James Bond son plan de domination du monde, de façon à ce que la jolie fille se réveille et sauve la situation.
Cet exemple est extrême parce qu’il induit d’abandonner une sorte de victoire pour la troquer contre un suicide. Mais pour extrême qu’il soit il est très explicite. On imaginera facilement des situations plus banales où ce type de choix pourra être fait sans générer un impact létal sur le personnage.

Bien sûr, le propos de cet exposé n’est pas de déterminer si l’une des deux logiques est meilleure que l’autre. Ca serait simplement absurde. Il n’est pas non plus question de prétendre que les joueurs tendent forcément vers l’un ou vers l’autre de façon binaire. La réalité est bien plus complexe et c’est d’ailleurs ce qui fait son charme.
Chacun d’entre nous détient à la fois la logique de personnage et la logique de jeu. Nous pouvons avoir une tendance générale à suivre plutôt l’une que l’autre mais nous sommes parfois amenés à trahir cette préférence du fait des circonstances, car il faut bien le dire : chacune de ces deux logiques a des qualités séduisantes et des défauts plutôt laids.

La logique de personnage est fidèle à l’idée de l’auteur. Elle s’appuie sur la confiance dans la capacité de ce dernier à concevoir ses personnages avec pertinence. Elle minimise le risque de voir le jeu dériver vers quelque chose d’imprévu et potentiellement néfaste. Elle simplifie les interactions avec les autres joueurs, dans la mesure où le personnage reste conforme à ce qu’on attend de lui.
Pourtant, cette logique met le joueur à la merci de la moindre erreur de l’auteur et du moindre imprévu dans le déroulement du scénario. Un personnage qui devrait évoluer pour ne pas bloquer le jeu ou en être exclu restera sur sa position immuable. La feuille de personnage sera alors brandie comme un recueil de lois et deviendra un carcan étouffant pour le jeu.

La logique de jeu vise le plaisir de tous et fait du joueur un complice de l’organisateur. Elle amène à prendre des décisions qui pourront éventuellement être désavantageuses pour soi mais dont les conséquences vont être bénéfiques pour l’ensemble des joueurs et du jeu. Elle conduit à générer un personnage qui facilite le déroulement, qui chasse l’ennui, qui met de l’huile dans les mécanismes.
Toutefois, cette logique a aussi son revers. Elle peut conduire à sortir de la psychologie attendue du personnage et ruiner des interactions. Elle peut amener à trahir l’idée de l’auteur et donner une tonalité complètement différente au jeu. Outre un manque évident de respect pour le travail qui a été fait, cela peut conduire le jeu sur une voie non fonctionnelle, voire néfaste.

Alors… roleplay d’incarnation et roleplay d’interprétation, logique du personnage et logique du jeu ; tout cela doit pouvoir s’interpoler dans un tableau croisé non ?

Est-on plus souvent dans une logique de personnage quand on est dans un roleplay d’incarnation ? Ca parait plausible. A l’inverse, est-on plus souvent dans une logique de jeu quand on est dans un roleplay d’interprétation ? Ca paraît vraisemblable aussi.
Mais est-ce le cas ?
Mister May !

Le Wargs, c'est ici : www.wargs.org
Avatar du membre
Pascal
Amiral du Fair-play
Messages : 712
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:06
Localisation : Château Gratry, Halluin, Nord
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Pascal »

Bon, à la demande de la foule en délire, je poursuis mon analyse du roleplay.

Nous avons donc une première classification du roleplay au travers du choix d’interprétation ou d’incarnation (que nous empruntons au cinéma). Nous en avons une seconde avec le choix de logique de jeu ou de logique du personnage. Ceci nous mène au tableau croisé ci-dessous, dans lequel on reconnaît aisément certains des styles de roleplay définis par nos homologues nordistes, notamment dans le Dogme 99 et l’école de Turku.

Pour mémoire et de façon très synthétique :
- Style ludiste : orienté efficacité voire gagne, stratégie de réussite, à l’extrême le Gros Bill.
- Style narrativiste : respect de la ligne de l’auteur, la liberté et l’interaction sont secondaires.
- Style simulationniste : interpréter le personnage est essentiel, le ressentir est secondaire.
- Style immersionniste : il faut être le personnage pour le vivre et ressentir ses émotions.

Image

On retrouve les styles simulationniste et immersionniste chers à Turku mais pas les styles ludiste et narrativiste, qui feront leur apparition dans un second temps avec la présentation des préférences d’écriture. Mais avant de poursuivre dans cette direction, je voudrais faire une parenthèse en évoquant une notion transverse : l’implication.

L’implication est une notion profondément ancrée dans l’inconscient des joueurs de GN, et ceci depuis qu’il existe. Vous l’avez forcément rencontré à un moment ou un autre lors d’une discussion sur ce vieux troll qu’est la mortalité en GN, ou encore sur cet autre qu’est la question du respect des convictions religieuses. Derrière les discussions enflammées que génèrent ces sujets se cache le degré d’implication du joueur : à quel point il est personnellement touché par ce qui se passe durant le GN et particulièrement ce qui concerne son personnage.

Pour modéliser ce concept, je vais parler de joueurs « concernés » par opposition à des joueurs « impliqués ». Ce qui nous conduit à la parabole de l’omelette au lard, qui définit merveilleusement bien la différence entre les deux. En effet dans l’omelette au lard, la poule est concernée alors que le cochon est impliqué.

Le joueur « concerné » (la poule) ne ressent pas de peine à la mort de son personnage. Il n’est pas affecté par les blasphèmes. Le viol ou la torture de son personnage le font rire. Il est détaché et regarde tout cela d’un œil distant, ne laissant passer que l’amusement. Il est en revanche relativement imperméable aux émotions et passe donc à coté du plaisir de ressentir.

Le joueur « impliqué » (le cochon) est affecté par la mort de son personnage, même s’il est tout à fait capable de le gérer sereinement. Il tolère mal les blasphèmes s’il est très croyant. Il est souvent de ceux qui considèrent qu’il faut ménager la sensibilité des joueurs, ou de ceux qui considèrent que l’intérêt du GN réside dans les sentiments qu’on fait ressentir aux joueurs. Il est en revanche capable de souffrir sincèrement durant un jeu, ce qui peut le conduire à détester un GN bien au-delà de ce que ressentira un joueur concerné.

Evidemment, cette notion n'est pas plus extrême que les deux précédentes, on n'est pas forcément totalement l'un ou totalement l'autre. En revanche elle est un peu plus binaire, en ce sens qu'on ne peut pas tellement être les deux à la fois, au choix. Sans aller jusqu'à parler d'être victime de son degré d'implication, on est tous positionné quelque part, plutôt concerné ou plutôt impliqué, et on ne peut guère choisir d'en déroger.

Alors, à la réflexion, vous vous sentez plutôt poule ou plutôt cochon ?
Mister May !

Le Wargs, c'est ici : www.wargs.org
Avatar du membre
lucieXperience
Expert fection absolue
Messages : 1504
Enregistré le : mar. 8 févr. 2011 17:12
Contact :

Re: Le roleplay

Message par lucieXperience »

plutôt poule :mrgreen:

bon, je sais que ce n'est pas trop ton propos, mais je ne suis pas d'accord avec ta présentation du narrativisme. Déjà, plus que le respect de la ligne de l'auteur, c'est le respect de l'histoire. C'est-à-dire que tous les joueurs doivent incarner leur personnage pour le bénéfice de l'histoire générale (ce qui par ailleurs, ne me semble pas gêner l'immersion). en outre, quand tu lis dogma99 qui sont quand même définis par tout le monde comme les gros narrativistes, tu te rends compte que la liberté du joueur est centrale dans le GN. Une fois le début du GN, l'organisateur n'intervient plus ni par les biais de PNJ, ni par le biais d'événementiels, c'est le joueur, avec les clefs de l'histoire en mains qui est libre de développer l'histoire.

En outre, dans l'immersionnisme prôné par Turku, le joueur doit avoir une confiance aveugle en l'organisateur et se modeler selon les désirs de ce dernier.
le site internet d'eXperience et son livre d'or qui ne demande qu'à être rempli !
Avatar du membre
Pascal
Amiral du Fair-play
Messages : 712
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:06
Localisation : Château Gratry, Halluin, Nord
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Pascal »

C'est vrai, tu as complètement raison. C'est parce que je me suis basé seulement sur le modèle de Turku. Les autres n'ayant pas la même définition du simulationnisme, il fallait bien en choisir un. Cela dit, je n'ai d'action dans aucun, je veux bien changer.

Qu'est-ce que tu recommanderais alors, en essayant de faciliter l'introduction du concept nordique dans mon propos ?
Mister May !

Le Wargs, c'est ici : www.wargs.org
Avatar du membre
lucieXperience
Expert fection absolue
Messages : 1504
Enregistré le : mar. 8 févr. 2011 17:12
Contact :

Re: Le roleplay

Message par lucieXperience »

de mémoire je dirais que c'est The Threefold Model de Petter Bockman (dispo sur larp.eu) qui présente le plus objectivement les styles. ça permet de ne pas avoir une idée trop négative du gamism qui peut être un style tout aussi intéressant à creuser. Turku est d'une extrême mauvaise foi concernant les styles qu'il ne promeut pas et ses critiques sont souvent à côté de la plaque à mon avis. Par contre pour la définition du simulationnisme et de l'immersionnisme c'est très intéressant. Mais quand on lit dogma on se rend compte que le narrativisme est bien plus complexe que ce que ses détracteurs veulent nous faire croire.
En gros il faut faire une synthèse de tous ces textes pour avoir une idée précise de tous ces styles, et malheureusement le gamism est sous représenté.
le site internet d'eXperience et son livre d'or qui ne demande qu'à être rempli !
Avatar du membre
Binou
Murder 6000
Messages : 317
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:29
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Binou »

Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez quand vous parlez de dogma99, du modèle de Turku, etc., mais j'admire la masturbation intellectuelle ! :shock:
Avatar du membre
Pascal
Amiral du Fair-play
Messages : 712
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:06
Localisation : Château Gratry, Halluin, Nord
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Pascal »

Ca ne nous dit pas si tu es une poule ou un cochon. :)

Rachid on sait : c'est un chien (celle-là n'est plus à faire).
Mister May !

Le Wargs, c'est ici : www.wargs.org
Avatar du membre
lucieXperience
Expert fection absolue
Messages : 1504
Enregistré le : mar. 8 févr. 2011 17:12
Contact :

Re: Le roleplay

Message par lucieXperience »

Binou a écrit :mais j'admire la masturbation intellectuelle ! :shock:
va lire electro-GN :P
ça m'énerve les gens qui parlent de masturbation intellectuelle dès qu'on réfléchit sur quelque chose. ça me viendrait pas à l'esprit de parler de masturbation intellectuelle quand Philippe Dagen me fait une conférence sur Saul Steinberg, je vois pas en quoi on se masturberait plus intellectuellement en réfléchissant sur le GN !
le site internet d'eXperience et son livre d'or qui ne demande qu'à être rempli !
Avatar du membre
Binou
Murder 6000
Messages : 317
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:29
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: Le roleplay

Message par Binou »

je vois pas en quoi on se masturberait plus intellectuellement en réfléchissant sur le GN !
Je ne disais pas du tout ça de façon négative en fait ! :)
Je lis avec intérêt d'ailleurs...

Pour ce qui est de la poule ou du cochon, je crois que je navigue un peu entre les 2, selon l'accroche que j'ai avec le personnage. Mais je tends plutôt vers le cochon je pense...
Répondre