Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

principalement autour des huis clos et autres petits GN, mais aussi pour le plaisir de flooder.
Avatar du membre
Cire de Sacub
Agrégé d'iconographie Murderienne
Messages : 560
Enregistré le : sam. 8 nov. 2014 12:09

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Cire de Sacub »

Je trouve rassurant que la plupart des personnes ici présentes qui défendent l'idée d'un débriefe organisé en "groupe de parole" n'y voient qu'un outil de redistribution de parole post GN.
Ce qui me dérange c'est la prétention d'apporter un soutien psychique avec ce type d'atelier. Et mon observation personnelle m'a montré que cet outil apparaît dans des jeux difficiles, lourds sur le plan émotionnel. Ce qui va dans le sens d'une volonté à utiliser ces groupes comme d'un sas psychique.
Donc les personnes qui défendent ici son utilisation ne sont pas forcément représentatives des orgas qui utilisent les groupes de parole post GN.

Néanmoins, je crois que même dans le cadre d'un simple débriefe organisé, c'est un outil bien plus tendancieux qu'il n'y parait. Certes on gomme certains ascendants, on égalise les prises de parole, on permet de poser certaines choses à plat dans l'écoute et le respect mutuel (enfin, ça c'est la théorie). Mais par son animation, ses questions, sa manière d'organiser la prise de parole, l'animateur va impacter plus qu'il ne le croit les expressions et non expressions des uns et des autres. Et je crois que la frontière est ténue entre démarche d'expression organisée et lieu de parole intime pouvant aller bien au delà de simples échanges. Que faire lorsqu'un joueur (je vous parle de vécu, ce n'est pas une hypothèse) commence à livrer dans le groupe des choses très personnelles et intimes ? Comment reprendre la chose ? Ne dépasse t-on pas le simple cadre d'un débriefe ? Ne rentre t-on pas dans autre chose de plus complexe ? Car autant je comprends qu'il y ait des hommes orgas blancs hétéros omnivores qui prennent trop de place sonore dans les débriefes libres, autant j'ai aussi rencontré des personnes aimant se répandre dans ce genre d'exercice et étaler sans retenu un pathos... et prendre ainsi en otage animateur et participants. On m'a même raconté (là, je n'y étais pas mais j'ai toute confiance dans les personnes qui m'ont rapporté la scène) une joute entre deux joueurs pour savoir lequel allait déballer le passé traumatique le plus lourd...
Comme je le disais précédemment, ces ateliers post GN, par leur formalisme, imposent un autre jeu de pouvoir et d'ascendance. Et ce jeu là ne me parait pas toujours très sain.
Avatar du membre
Thomas B.
Initiateur de roleplay
Messages : 437
Enregistré le : lun. 19 déc. 2011 13:58

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Thomas B. »

Cire de Sacub a écrit :Mais par son animation, ses questions, sa manière d'organiser la prise de parole, l'animateur va impacter plus qu'il ne le croit les expressions et non expressions des uns et des autres.
Tout à fait. L'organisation d'un débrief c'est comme celle d'un GN, ça doit être pensé vu que ça impacte les participant.e.s.
Cire de Sacub a écrit :Et ce jeu là ne me parait pas toujours très sain.
La question de "jusqu'où déballer sa vie en public?" ou "course au pathos" est en effet complexe, et se retrouve dans d'autres milieux que je fréquente comme les scènes ouvertes de slam. C'est un endroit d'écoute privilégiée donc tu peux te retrouver avec des choses très dures et très intimes dites sur scène. Mais vu que c'est une scène ouverte, ça fait partie du contrat social. Tu peux toujours quitter la salle, te boucher les oreilles etc. Pour moi si un GN va vraiment à fond dans les émotions difficiles, à un moment il faut assumer. Assumer de l'avoir organisé, et assumer de s'y être inscrit. Si l'orga a monté un jeu qui fait vivre des choses difficiles aux gens, c'est la moindre des choses que l'orga laisse les participant.e.s *qui le désirent* parler après. Pas l'imposer, mais clairement le proposer, et de manière organisée etc.

Si on vient chouiner, il y a aura de la chouine, et les gens réagissent diversement à la chouine. On ne peut pas exiger de gens, souvent inconnus, qu'ils aient le même bagage, la même résilience que soi. D'un autre côté, on ne peut pas exiger que les gens se transforment en cellule de soutien professionnelle. On est en droit d'être traité avec respect (ce qui implique un minimum d'écoute et d'absence de vannes sur le témoignage qui vient d'être fait), mais pas traité thérapeutiquement: ce n'est pas le job des GNistes.
Fredou
Amiral du Fair-play
Messages : 730
Enregistré le : mer. 11 janv. 2012 15:49

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Fredou »

Si l'orga a monté un jeu qui fait vivre des choses difficiles aux gens, c'est la moindre des choses que l'orga laisse les participant.e.s *qui le désirent* parler après. Pas l'imposer, mais clairement le proposer, et de manière organisée etc.
Tout le monde sera pleinement d'accord avec ça. Seulement certains vont dire que le débriefing formel l'impose trop en incitant à répondre aux questions et à faire comme les autres, quand d'autres vont dire que le débriefing informel ne le permet pas assez en laissant la prise de parole libre et chaotique.
Avatar du membre
Binou
Murder 6000
Messages : 317
Enregistré le : dim. 23 janv. 2011 21:29
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Binou »

Seulement certains vont dire que le débriefing formel l'impose trop en incitant à répondre aux questions et à faire comme les autres
Clairement pour moi : je n'aime pas tellement les débriefings formels et je me force très souvent. Même si j'aime écouter le retour des autres. Du coup je dis des trucs nuls, ou qui ne correspondent pas vraiment à ce que je ressens, vu que je me force alors que j'ai besoin de temps pour mettre des mots sur mon ressenti.
Et une des rares fois où un jeu (Huntsville) m'a beaucoup remué au point d'éventuellement avoir qqche à exprimer dessus, bah le débriefing formel m'a fait fuir tellement ça ne correspond pas à ce dont j'ai besoin : je me suis barré à la fin du jeu en disant juste à l'orga que je partais, sans explications, et en laissant tout le monde en plan.
Avatar du membre
Thomas B.
Initiateur de roleplay
Messages : 437
Enregistré le : lun. 19 déc. 2011 13:58

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Thomas B. »

Fredou a écrit :
Si l'orga a monté un jeu qui fait vivre des choses difficiles aux gens, c'est la moindre des choses que l'orga laisse les participant.e.s *qui le désirent* parler après. Pas l'imposer, mais clairement le proposer, et de manière organisée etc.
Tout le monde sera pleinement d'accord avec ça. Seulement certains vont dire que le débriefing formel l'impose trop en incitant à répondre aux questions et à faire comme les autres, quand d'autres vont dire que le débriefing informel ne le permet pas assez en laissant la prise de parole libre et chaotique.
C'est un curseur, on se placera tou.te.s à un endroit différent. Personnellement je préfère préserver un temps de parole pour des gens qui ne l'ouvrent pas ou se font couper dans la société en général, au risque de bousculer un peu ceux qui ont le crachoir d'habitude ou ne sont pas habitués à être obligés d'écouter les autres.
Fredou
Amiral du Fair-play
Messages : 730
Enregistré le : mer. 11 janv. 2012 15:49

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Fredou »

Personnellement, je préfère surtout réservé du temps après le jeu (principalement le lendemain) pour que les joueurs puissent parler, entre eux, ou avec l'orga, en petits groupes, mais comme ils le souhaitent, de ce qu'ils souhaitent. A charge pour chacun de lancer ou de participer aux conversations qui les intéressent.
Avatar du membre
Lila
Expert de miches
Messages : 512
Enregistré le : lun. 20 mai 2013 19:24

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Lila »

Et beh moi je préfère le débrief.
Avatar du membre
Muriel A
Expert de manches
Messages : 217
Enregistré le : mer. 18 sept. 2013 05:46

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Muriel A »

Disclaimer : je n'ai pas lu toutes les réponses précédentes en détail.

Quelques points essentiels néanmoins à mon sens:

- les besoins en post-jeu ne sont pas les mêmes pour tous. Je pense que même avec l'échantillon super restreint de ce forum on le voit. A titre personnel j'aime les debriefs formalisés parce que l'ambiance afterparty est difficile pour moi juste après un jeu, et personnellement c'est plutôt dans les échanges informels que je ressens une forme de pression sociale, parce qu'il est plus difficile pour moi de parler spontanément en public ou d'aller vers les gens avec qui je voudrais communiquer s'ils sont déjà engagés en discussion.

- Mon choix en tant qu'orga est donc de faire en sorte que tous les besoins puissent s'exprimer. L'atelier formel post-GN est donc clairement annoncé comme optionnel, tout comme il est possible d'y venir sans s'exprimer. Magali et Steve qui étaient sur la session 3 peuvent en témoigner (j'ai plus insisté sur le caractère optionnel qu'en session 1 et 2 pour que ce soit bien clair). Par ailleurs, je délègue ces moments de discussion afin qu'il n'y ait pas le risque de l'auto-censure devant l'orga

- croire que ces ateliers ont la prétention de s'improviser suivi psy ou une quelconque vocation similaire est clairement une méconnaissance de ce qu'ils sont et/ou une fallatie argumentative qui ne mérite même pas qu'on la relève, et ce n'est pas comme si des correctifs n'avaient pas été apportés vingt fois à ce sujet
Avatar du membre
Saki
Général En-Jeu
Messages : 294
Enregistré le : jeu. 29 août 2013 20:32
Localisation : Bruxelles

Re: Ateliers post-jeu ; une dérive inévitable ?

Message par Saki »

Muriel A a écrit : - croire que ces ateliers ont la prétention de s'improviser suivi psy ou une quelconque vocation similaire est clairement une méconnaissance de ce qu'ils sont et/ou une fallatie argumentative qui ne mérite même pas qu'on la relève, et ce n'est pas comme si des correctifs n'avaient pas été apportés vingt fois à ce sujet
Nous sommes d'accord pour la très très grande majorité des jeux. Mais si ce point est venu sur la tapis c'est en partie parce que j'ai justement parlé de la communication d'un jeu qui m'avait posé problème puisqu'il était question "d'ateliers pensés par des professionnels" (= des psy) pour aider les participants à gérer un GN aux thèmes volontairement difficiles.

Mais tu as parfaitement raison, c'est l'arbre qui cache la forêt des orga responsables.
"La vie est un naufrage, n'oublions pas de chanter dans les canots de sauvetage."
Répondre