La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

principalement autour des huis clos et autres petits GN, mais aussi pour le plaisir de flooder.
Fredou
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Fredou »

Il y a 10 ans suis passé pour mes jeux d'un système d'invitation à un système de pré-inscriptions, parce que je me rendais compte que quand j'invitais certains amis, je n'avais pas toujours une bonne idée de leur "motivation" et j'avais peur qu'ils se sentent "obligé" lorsque je les sollicitais. La pré-inscription avait l'intérêt d'obliger le joueur à se manifester par lui-même, tout en me laissant inviter qui je voulais parmi ces gens intéressés. On m'a alors reproché de faire miroiter un jeu que trop peu pourront jouer. Un paradoxe puisque je passais de totalement fermé à la possibilité pour tous de montrer son intérêt.

Les réponses aux questions et le contact avec les joueurs m'aidaient donc à estimer leur enthousiasme. J'ai toujours écarté les réponses du type : "on m'a dit qu'il fallait le jouer" pour y préférer les "j'ai lu tes infos et c'est tout ce que j'attends". On m'a alors reproché de demander une lettre de motivation.

J'ai ajouté des questions dont les réponses toutes simples sont dans la lettre d'intention, permettant de voir si les gens l'avait vraiment lu. Quand je n'ai pas écarté les gens qui répondaient à côté (deux ou trois fois sur 200), le moindre intérêt du joueur s'est vraiment vu sur le jeu. Et puis on m'a reproché la complexité de la pré-inscription par la présence de ces 3 questions courtes. Certains m'ont dit, j'ai "l'impression de passer le bac".

J'ai donc invité des gens en jugeant de leur motivation, de leur adéquation au jeu, et je n'en ai pas invité (ou pas encore) d'autres pour cette raison (ou pour une autre). On m'a reproché d'être élitiste.

Quand j'ai invité des potes, parce que j'étais moi bien motivé par les faire jouer et parce que j'avais une idée de comment les faire triper, on m'a reproché d'être népotiste, consanguin, fermé et j'en passe.

Mais quand j'ai refusé des potes de 20 ans, que je ne sentais pas sur ce jeu, c'est alors eux qui le reprochaient.

Bref, malgré des tempêtes de râleries, les jugements idiots, les accusations et les fantasmes en tout genre, le système de "pré-inscription avant invitation" m'a souvent bien aidé.

Mais même si on se blinde à force, sur des années, ça finit par user et je reviens aujourd'hui à plus de confidentialité, par un système d'invitations directes. Alors pour faire toujours attention, j'invite des gens que je connais, que j'ai vu jouer, avec qui j'ai parlé, c'est à dire pour qui j'arrive à déterminer le véritable enthousiasme et les attentes. Une longue expérience de joueurs et d'organisateurs aidant, je suis bien plus fin pour lire cela dans les comportements qu'il y a 10 ou 15 ans.
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Golem
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Golem »

Pour moi, un GN, c'est comme une partie de JdR sur table / un livre / un film / une visite touristique / un plat / ou n'importe quoi : ça ne va pas plaire à tout le monde, pas autant, pas pour les mêmes raisons.
De même que je conseillerais ma partie de JdR / un livre que j'ai aimé (etc...) à quelqu'un parce que je pense que ça tombera dans ce cette personne apprécie ou recherche, je ne le ferais pas à une autre personne dont je sais (pense) les goûts différents.

Je n'imaginerais donc pas que tout le monde voudra le jouer. Je pourrais aller jusqu'à refuser (ou en tout cas insister beaucoup envers) des gens dont je pense que "ça n'est pas pour eux".

Ainsi, je ne m'inscrirais pas à un GN parce-que-tous-mes-pot.in.es-disent-qu'il-est-super-et-que-tout-le-monde-l'a-joué. Je tâcherais de savoir en quoi il est (censé être) super, et je jaugerais en fonction d'éléments plus concrets et de ce que je sais des goûts desdit.e.s pot.in.es.

Synopsis, contact orga, table de mixage, lettre d'intention, reviews etc... ce ne sont pas les outils qui manquent pour aiguiller (et s'aiguiller) en bonne connaissance de cause.
Si quelqu'un décide d'aller à un GN sur des critères subjectifs et extérieurs comme la pression sociale, en étant conscience de n'avoir pas regardé les autres curseurs, j'ai envie de demander : fait-elle tous ses choix de cette manière ?
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josef
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par josef »

On parle depuis longtemps ici (comme ailleurs) de pertinence (voir de la nécessité) d'une déclaration d'intention de la part de l'organisateur -> Réponse à la question : Quelle expérience de jeu je désire faire vivre à mes joueurs ?
Ici la question posée à mon sens et celle de lé déclaration d'intention de la part du joueur -> Réponse à la question : Qu'est ce que je viens rechercher sur ce jeu ?

Cette question est posé implicitement ou explicitement dans la majeure partie des formulaires de pré-inscription à des GN que j'ai eut à remplir ces dernières années et je présume que pour les GN à "Casting" elle est quasi-systématiquement une des composantes principale du processus de sélection. En effet je ne trouve pas déconnant de penser que la majorité des organisateurs vont chercher à sélectionner sur leur jeu des participant dont les attente vont être compatibles avec l'expérience de jeu qu'ils souhaitent leur faire vivre.

Mais en partant de l'hypothèse où le joueur as conscience que ce qu'il viens chercher ne clairement match pas avec la déclaration d'intention du jeu, la question de sa franchise lors de la préinscription & la tentation de "donner à l'orga la réponse qu'il désire lire" pour biaiser sciemment le processus de sélection peut en effet être grande.

On peut toujours consensuellement déplorer la malhonnêteté des autres mais je trouve qu'ici il est plus intéressant de tenter d'en comprendre les causes (au risque de m'en faire l'avocat) et (surtout) suggérer comment l'on pourrais se passer de cette malhonnêteté et avancer des pistes pour contenter à la fois organisateurs & joueurs.

Voici donc une petite compilation des "mauvaises" (j'insiste sur les guillemets qui sont ultra importants) raisons de s'inscrire à un GN point de vue joueur :

Le facteur social rentre plusieurs fois en ligne de compte.

- Comme l'a souligné Gyr je pense que sans que la communauté ne l'ai réellement projeté, une "échelle de statut" s'est mise en place construite sur la réputation (des individus comme des personnes morales type associations), leur visibilité et les affinités personnelles. Même si c'est un système tourné en dérision nous avons malgré nous adoptés de nombreux codes de ce type de système : c'est humain. Et même si l'idée et souvent évoqué sous couvert de l'humour il n'est pas déconnant d'imaginer que des participants se préinscrivent à un jeu avec pour objectif de "gagner en statut". Toutefois j'aime à croire que si cette proportion extrême existe elle demeure extrêmement marginale et j'ai pas vraiment de solution miracle pour ces gens (a part de se poser dans un bar et de leur faire part de ma vision du monde :p ) . Et fort heureusement même en étant en vase clos je trouve que les acteurs (individus comme personnes morales) étant au plus haut de l'échelle de statu ont suffisamment conscience du phénomène pour ne pas l'exploiter & en tirer profit en bref on su rester accessible et on plutôt tendance à le tourner en dérision, contrairement à ce que j'ai pu voir dans d'autres communautés.

- Chose beaucoup plus courante à mon sens l'effet "vitrine" pour les jeux à réédition.
Le sujet de la critique de GN et de son utilité à déjà été abordé en long en large et en travers sur le forum et je ne reviendrais pas dessus. Selon moi nous sommes (et nous resteront encore longtemps) dans une communauté en "vase clos" où la critique de GN as beaucoup moins d'audience que les retours personnels publics (qui sauf rares exceptions seront positifs à extrêmement positifs) & autres partage de photos qui montrent l'événement sous son meilleur jour. Inutile d'avoir fait des études en marketing pour comprendre que ces éléments sont fortement incitatifs pour l'inscription sur les sessions suivantes. En soit ici la responsabilité reviens à l'organisateur de ne pas sur-vendre son jeu et d’adapter sa com (lien vers une page de présentation du GN comprenant la déclaration d'intention en diffusion avec la publication des photos sur les réseaux sociaux ?).
Ayant l'habitude de diffuser moi même moult photos des jeux auquel je participe sur les réseaux sociaux (le + souvent exploitation assumé de l'effet vitrine pour donner une visibilité des GN auquel je participe à des joueurs n'étant pas forcément informé de l’existence de tels types de GN) pour le coup je plaide totalement coupable :p

- L'effet "Signature d'auteur".
Ce qui explique que dans de nombreux cas la réputation d'un auteur suffise à ce qu'un jeu soit déjà remplis sur 2-3 sessions avant même que sa déclaration d'intention ne soit publié. Faisons un parallèle avec le cinéma. Quand on découvre un réalisateur et qu'on adore le premier film de lui que l'on vois, puis un second, puis un 3ème, on à du mal à croire que le 4ème ou le 5ème vas nous décevoir (Spoiler : Un réalisateur finira toujours par vous décevoir !), a un stade on deviens "fan" de ce qu'il véhicule, de ce qu'il propose et on lui fait une sorte de "chèque en blanc" cinématographique. Il en vas de même pour de nombreux autres médiums (littérature, BD/Manga/Comics, Musique) et le GN ne déroge pas à la règle. A mon sens c'est un piège et pour le cinéma comme pour le GN j'ai dût tomber dedans pour m'en rendre compte. Effet inverse courant (pour le cinéma comme pour le GN) le "plus jamais ça" c'est à dire bouder un réalisateur (ou un orga / une asso dans le monde du GN) après la première déception qui à pour nous le goût de la "trahison" envers la confiance aveugle dont on avais fait preuve. Tout le monde à le droit à l'erreur et heureusement !
Comment l'éviter. A part des formats sur mesure ultra contextualisés, genre un festival de Huis-Clos ne comprenant que des créations originales de plusieurs auteurs (qu'ils soient scénaristes aguerris ou débutants) et ou les joueurs ne seraient pas qui est l'auteur du jeu ou ils s'inscrivent, je ne vois pas comment l'éviter. L'anonymat à souvent été utilisé en littérature pour éviter ce type de biais.

- Autre biais communautaire l'effet "groupe de potes".
Dans une vie antérieur j'ai organisé un mass-larp. Un jour un joueur "représentant" d'un groupe de 10 personne m'a dit à peu près un truc du genre "On est un groupe de potes de 20 ans. Pour nous le GN que tu organise et le scénario que tu as prévu n'est qu'un prétexte pour se retrouver une fois pas an dans un contexte de GN qui rappelle vaguement les GN que l'on faisais plus jeune et ou on s'est tous connu. Donc ne te fatigue pas trop à prévoir des trucs pour nous, le fait de nous retrouver nous suffit". C'était d'une franchise qui m'a un peu désarçonné et j'ai mis beaucoup de temps à l'accepter (même pour un orga de mass-LARP débutant ça fait un peu mal à l’ego d'entendre que ce que tu gribouille ne sert à rien pour certains). Cependant si des potes depuis 20 ans ont besoin du prétexte d'un GN pour continuer à partager des truc ensemble, j'ai fini par accepter que c'était une bonne raison d'aller à un GN et je continue à penser que proposer un espace à ce type d'intention joueur est une fonction que replis les mass-larp et qui en font un élément nécessaire du paysage GNistique.
Mais revenons à l'effet "groupe de potes", que j'ai croisé en plus light ailleurs. 2 3 fois j'ai vu des gens déçus de ne pas être casté sur une session spécifique d'un jeu parce que "tous les potes" étaient sur d'autres sessions comme si jouer avec les potes était presque autant important que jouer au jeu en lui même.
Etant pour ma part un joueur plutôt solitaire je comprend mal cet effet même si j'y vois une transposition "light" de l'effet que j'ai décrit + haut dans la culture de jeu mass-larp. Je présume aussi qu'une notion de zone de confort rentre en ligne de compte : je conçois parfaitement que l'on pense être plus à même de partager des émotions et être plus en sécurité avec des gens que l'on connais intimement, même si à titre personnel je n'en ai jamais eu besoin.
Ici je ne pense pas qu'il faille chercher à éviter cet effet. Ce qui est plus pertinent à mon sens c'est donner aux joueurs des outils et des espaces pour exprimer à l'organisateurs à quel point participer au jeu avec le groupe est important et vas servir leur jeu.
Ah oui au fait, pour les couples c'est la même affaire. Un couple par définition c'est avant tout un groupe de 2 personne :p

Y'a plein d'autres exemples mais j'ai plus trop de temps pour en écrire. Je pense avoir déjà apporté pas mal d'eau à votre moulin pour ce soir ;-)
Modifié en dernier par josef le lun. 20 mars 2017 19:29, modifié 2 fois.
Stan
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Stan »

Ok Thomas, je comprends mieux, pour les deux premiers points, j'y vois juste du sur-enthousiasme d'orga en train de créer. Je vois pas forcément le lien avec une communauté parisienne, le plaisir quand on écris quelque chose qui nous plait de vouloir le partager avec tout le monde, ce n'est pas "malsain" pour moi en soit, maladroit d'insister certes...

Je suis beaucoup plus dubitatif concernant la réalité des deux autres points, j'y vois personnellement une très grande part de fantasme même j'ai pleinement conscience comme parisien, d'un manque d'objectivité certain sur le sujet. J'ai vraiment du mal à imaginer des gens s'inscrire à des GNs juste pour "en être" et je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir été témoin de pareil situation.

Que des potes leurs aient conseillé d'y aller, qu'ils aient été motivés par les retours des éventuels sessions, qu'ils ait appréciés les GN précédent de l'orga ou juste que l'orga soit un pote dont il veulent découvrir le travail. Je vois 10 000 raisons possibles, mais prêter au joueurs l'idée d'une inscription par "mondanité", il y a eu des exemples concret (balancez les noms :lol: )? ou cela viens d'une sensation?

Concernant les critères de Lucy, je me demandais surtout si du coup ça lui créait de fait une certaines attente? Perso, j'ai pas du tout les mêmes critères (et du coup attentes) quand je fais une petite murder sur le pouce en convention, quand je part sur un GN histo ou quand je vais jouer un GN intimiste à 2.
Batiste Carpinetty
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Batiste Carpinetty »

Bonsoir,
Ça faisait un moment que je voulais m'inscrire ici, c'est une bonne occasion de le faire (moi aussi, je débarque de cet obscur réseau social, et comme je dois redimensionner ma photo de profil pour l'adapter à ce forum, hé bien je me présenterai plus tard, na !)

Je vois plusieurs interrogations distinctes dans la question initiale de Lucie :
- la pression sociale due au fait d'avoir des ami.e.s/connaissances qui projettent des comportements sur nous
- la question du dévoilement préventif d'un travail créatif éditorial
- les méthodes d'inscription

Je détaille.

A mon sens, le jeu de rôle grandeur nature est une proposition culturelle au même titre que tant d'autres, comme la littérature, le théâtre, le cinéma, le jeu vidéo ou encore les courses de poneys aquatiques téléguidés par l'intermédiaire de casques de réalité virtuelle.
En ce sens, un GN est conçu pour plaire à un public, tantôt clairement défini et envisagé par les auteurs en amont, tantôt pris en compte en seconde intention. Des fois on va créer un jeu en pensant précisément aux gens que l'on imagine dans la peau des personnages (en les projetant sur nos proches, par exemple), d'autres fois on va juste créer le jeu sans se soucier des individus qui viendront y participer. Cela va probablement définir quel tête aura le jeu au final et je pense que ça doit être pris en compte dans la communication autour du jeu : "Coucou, c'est un jeu sur invitation ==> vérifiez vos MP" ou "Salut, voici le futur mass larp qui va enfin entrer dans le Guinness Book des records : -25% d'€ à l'inscription si vous parrainez dix autres personnes !"

Dans le premier cas, si quelqu'un pense à vous et vous invite, je ne pense pas qu'il faille se sentir gêné d'exprimer un refus. J'aurais tendance à simplement dire non et rappeler que non veut juste dire non (sans remettre en cause quoi que ce soit d'autre). Publier son travail implique tacitement que l'on accepte de s'exposer à la critique, positive comme négative. Un refus de participer est une critique : j'apprécie/analyse ton travail et je juge que ça ne me convient pas. Point.
Libre ensuite à l'auteur de s'en offusquer, de demander des précisions sur le refus ou de juste en prendre note et de chercher quelqu'un d'autre à inviter mais ça ne concerne que lui, pas la personne qui exprime le refus. Que quelqu'un soit convaincu de la qualité de son travail au point de se servir de cette conviction pour mettre la pression à son entourage, c'est une chose : ça doit être très relou et il est peut-être de bon ton de lui faire remarquer (que c'est relou). Pour autant, ça ne me paraît pas intrinsèque au média mais plutôt lié à la personnalité de l'individu en question.

Dans le second cas, il est possible que l'auteur soit tellement au taquet sur son jeu qu'il ait envie que la Terre entière y joue. Je n'y vois pas de mal. Certains vont vraiment vouloir que la Terre entière jouer leur jeu, d'autres que seule la portion de l'Humanité qu'ils vont estimer concerné par leur jeu, c'est variable. Cela va probablement influencer où et comment ils vont en faire la communication.

En revanche, je pense que c'est justement en fonction de comment la communication autour du jeu est orchestrée que l'on peut ressentir une certaine pression sociale. "Viens, j'ai beaucoup bossé sur mon jeu et ça va être super !" et "Viens sinon tu vas rater LE truc de l'année et tu vas t'en mordre les doigts et tes enfants te feront la remarque une fois qu'ils seront nés" ce n'est pas du tout la même chose, par exemple. Je ne pense pas que l'enthousiasme de l'auteur soit à mettre en cause. Au contraire, ça peut être un chouette vecteur d'engouement si on y est sensible. Par contre, je pense qu'il est de la responsabilité de l'auteur de réfléchir à comment il communique son enthousiasme : si par ta communication, tu induis une obligation sociale, même involontaire, elle peut être reprise par les autres personnes de ta communauté, qui vont ensuite mettre la pression à leurs proches et à la fin un joueur peut se sentir obligé de faire un truc qu'il ne veut pas faire (de la même manière que quand on se fait traîner par des potes pour aller voir le dernier Star Wars parce que les publicités étaient trop géniales ou que le Youtubeur machin a dit que c'était bien alors que l'on hait Han Solo parce que l'on est secrètement amoureux de Spock, par exemple).
Après, je nuance parce que les potes relous qui te mettent la pression de leur plein gré, ça existe aussi, hein ;) Mais bon, je pense que c'est déjà pas mal d'éviter ce genre d'écueil dans notre com.

Dans tous les cas, je suis assez d'accord avec ce qu'a écrit Stan : à titre personnel, je me suis beaucoup laissé porter par les suggestions des mes amis ou de critiques qui laissaient transparaître des choses susceptibles de me plaire, tout comme je le fais pour les bouquins et les jeux que j'achète, les films et les spectacles que je vais voir. Si on me fait remarquer que j'aurai "raté ma vie si je n'ai pas joué XXX à 50 ans", hé bien je dirai simplement que je ne pense pas ;)


Le second point que tu abordes dans ton message initial est pour moi plus lié à la conception que l'on se fait du jeu de rôle grandeur nature (ou en tous cas, du design du jeu sur lequel on travaille expressément). S'il est plutôt "à usage unique", comme un roman policier, un jeu vidéo d'aventure, je peux comprendre qu'un auteur ait peur de dévoiler à de potentiels futurs joueurs ses notes. Je n'approuve pas forcément ce processus créatif mais j'imagine qu'il peut se poser plein de questions du type : "est-ce que ça va l'avantager de connaître l'intrigue en amont ?" ou des trucs du genre. Du coup, soit on précise que l'on ne compte pas le jouer pour telles et telles raisons, soit on se dit intéressé mais que l'on fera abstraction. Et puis filer un coup demain durant le processus de création ne veut pas dire que le jeu sera identique à la fin.
Dans tous les cas, c'est à lui d'être au clair sur ce qu'il demande : tu veux de l'aide, tu identifies un groupe de personnes à qui tu demandes et tu fais une croix sur leur potentielle participation si tu estimes que les risques de "spoiler" sont trop grands.


Enfin, le troisième point semble concerner le comment les orgas valident ou invalident qui participe à leur jeu.
Depuis plus de deux ans, je lis, j'écoute, je prends des notes. J'ai remarqué des tendances, identifié des jeux plébiscités et participé à certains jeux et/ou événements selon mes goûts et les avis des personnes autour de moi. La plupart d'entre-eux étaient des jeux sur inscription libre il me semble, avec tirage au sort si on était trop nombreux. C'est peut-être un choix inconscient, je ne sais pas. Toujours est-il que j'aime bien et que je trouve ça très en phase avec le reste des propositions culturelles que l'on peut trouver dans notre société.
Je n'ai pas d'à priori négatif à propos du GN à casting mais il me semble mettre en lumière en paradoxe :
- je communique sur mon jeu (parce que je ressens un besoin de reconnaissance sociale et/ou de publicité)
- je choisis qui y joue (parce que je ressens un besoin de contrôle sur mon œuvre - collective, certes, mais tout le monde n'a pas forcément cette idée en tête)

Ça peut aussi être un choix de design pour éviter de mettre des gens dans des situations inconfortables (comme sur un GN à fort potentiel horrifique, par exemple), mais ça pose la question de l'autonomie laissée au joueur. Quand je vais au cinéma voir un film, je me réfère à différents éléments comme le titre, le nom du réal, les acteurs, les critiques, la bande-annonce, la classification, des fois rien de tout cela. Je fais la part des choses et je décide si je vais ou non voir un film.
Le GN est certes un média différent mais je pense qu'une personne motivée n'a pas de raison d'être entravée dans son envie de participer à un jeu. Je trouve ça cool que des gens soient entraînés par d'autres. Je pense que leur envie peut être sincère et qu'il ne faut pas avoir peur des phénomènes de publicité / buzz, ni présumer des intentions des gens. C'est un enjeu d'inclusion important que de faire en sorte que les jeux pensés pour être accessible au plus grand nombre soient accessibles au plus grand nombre (car si tu veux faire un GN sur invitation, libre à toi de le faire, la veGaN police ne débarquera pas dans ton salon :lol: ).

Donc, quid de la pression sociale ?
Je ne vis pas en région parisienne donc je ne connais pas vraiment cette dynamique que vous semblez attacher à la scène romantique de la capitale ou à sa communauté.
Je ne pense pas qu'il faille se sentir obligé par quoi que ce soit.
Pour autant, j'ai quand même l'impression que l'offre est encore limitée par rapport à la demande et qu'elle s'adresse surtout à des personnes déjà intégrées à la communauté, créant une sorte d'entre-soi. C'est relativement compréhensible au vu de l'activité, encore un peu confidentielle en France. Mais ce n'est pas une valeur intrinsèque non plus.
Comme le dit Michael, j'ai l'impression que cette pression sociale est plutôt ressentie par les personnes déjà intégrées à la communauté - pour les autres, les jeux sont tout simplement invisibles (mais ça c'est un autre sujet très vaste :lol: )

Ce phénomène d'entre-soi induit peut-être une certaine pression sociale. En tant que nouveau venu, je n'ai pas l'impression de la subir : je m'en fous d'être invité, d'avoir de la réputation, un statut quelconque dans cette communauté. Je l'ai intégré pour pratiquer une activité culturelle (et pour plein d'autres raisons) et je suis donc sensible à la manière dont on me permet de la pratiquer. Mais je ne m'attache pas à flatter l'ego des gens et/ou ménager leurs sensibilités d'auteurs.
Mais si elle est bien présente, il y a peut-être une réflexion à avoir sur l'identité de cette communauté, sur comment elle se voit, comment elle se donne à voir...
Fredou
Amiral du Fair-play
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Fredou »

Je suis d'accord avec Stan. Il y a énormément de fantasmes dans ce qui est décrit de la scène GNistique Parisienne.
MoZ
Dénoueur de multi-intrigues
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Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par MoZ »

Plein de choses intéressantes ci-dessus !

J'apporterais juste deux points :

1/ Je ne vois pas vraiment de pression sociale. Plutôt un bouche à oreille qui peut faire la différence. J'utiliserais bien une analogie avec le cinéma : je n'ai jamais trop aimé Star Wars, et ce n'est pas parce que tous mes potes son fan que je vais me fader les séries. En ce qui concerne cette fameuse "communauté parisienne", il est clair que la proximité géographique amplifie les bonnes (ou les mauvaises) réputations des jeux, mais je pense sincèrement qu'il y a assez peu, au delà du fantasme, de jeux "place to be" ou de joueurs qui s'inscrivent par ambition statutaire.

2/ Surtout dans le cas d'un GN à thème fort et doté d'une communication précise, j'adore autant les joueurs qui ne s'inscrivent sur un de mes jeux parce que ce n'est pas leur trip que ceux qui s'inscrivent car ils estiment qu'ils y trouveront ce qu'ils recherchent.

On en revient à la communication qui, non Batiste, n'est pas une recherche de reconnaissance sociale, mais beaucoup plus un outil pour éviter les regrets, de part et d'autres.
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Muriel A
Expert de manches
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Enregistré le : mer. 18 sept. 2013 05:46

Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Muriel A »

Je vois dans tous ça plusieurs problèmes qui se mélangent.

Côté orga:
- le fait que beaucoup d'orgas ont encore du mal à comprendre que les GN viennent dans une multitude de styles et d'approches, et qu'il faut clairement communiquer dessus (style de jeu, ton, approche, expérience recherchée) C'est moins vrai maintenant, mais le temps où quand on parlait de lettre d'intention la plupart des orgas roulaient des yeux n'est pas loin. Pour beaucoup, un GN, c'est un GN, et il y a une prétention universaliste dans leur approche. C'était à peine vrai il y a 15 ans, c'est franchement dépassé maintenant, mais c'est encore étonnamment fréquent (il n'y a qu'à voir le caractère éminemment flou de la plupart des annonces que je croise en ligne). Par conséquent, ils ne se posent pas la question de ce que sera le public sur leur jeu, et potentiellement tenteront d'inviter tout et n'importe qui. Une fois encore, avec la multiplication des jeux, je vois plutôt la communication être mieux ciblée, donc ça devrait se tasser progressivement.

- L'enthousiasme légitime de l'orga qui veut faire jouer un pote. Je trouve ça plutôt gentil, à condition d'accepter un refus gracieusement (faut pas déconner non plus). Là dessus, même en te connaissant peu, je sais que toi, Lucie, est particulièrement exigeante, donc dire de quiconque, mais plus encore de toi, "mais bien sûr tu vas venir sur mon jeu", est un peu candide à tout le moins.

Côté joueur:

- le poids considérable du bouche-à-oreille et l'effet caisse d'amplification des réseaux sociaux. Là encore, je trouve que ça s'est tassé un peu avec l'apparition de nouveaux jeux sur la scène concurrentielle du Romanesque, et la multiplication des rééditions. Les orgas d'ailleurs ont aussi commencé largement, et sans concertation, à demander discrétion sur les réseaux, et la fin des "hiiii" et autres manifestations déplacées.

Là dessus, il y a pas mal de recouvrement avec la question des GN à casting, mais c'est un tel marronnier que je le laisserais aux nombreux fils déjà ouverts sur la question.

Mon expérience à cet égard? Quand Rêves d'Absinthe a été pendant un moment assez recherché (à l'époque la scène était essentiellement limitée à celui-ci et le Noces, l'Agonie ayant encore un statut bien spécifique), forcément pour une orga qui débute en solo avec zéro confiance et zéro self-estime, c'était plaisant, mais on en revient vite, parce qu'on sait que c'est effectivement un effet du bouche-à-oreille et de la manière dont une partie de la communauté se monte la scène. Quant au débat sur le GN à casting, j'ai toujours dit que le jour où on me trouve un système qui me permette d'équilibrer mes persos, de gérer les inimitiés particulières et les phobies des joueurs, et de blacklister les gens qui m'injurient et tentent malgré tout de s'inscrire à mes jeux (allez comprendre), je suis preneuse.

Là dessus, depuis, mieux je communique sur mes jeux, plus j'ai de gens qui me disent que ce jeu n'est pas pour eux, et je préfère largement. Depuis les Fleurs de Mai, avec un côté plus expérimental (meta-techniques et autres), des thèmes délibérément durs et clairement annoncés tels, et un jeu largement en anglais sur le Harem, j'ai clairement moins de pré-inscrits, mais au moins je sais qu'ils savent pour quoi ils s'inscrivent. Et vraiment, je préfère.
Erastide
Expert européen de la murder party
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Enregistré le : lun. 20 mars 2017 16:54

Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Erastide »

Stan a écrit :prêter au joueurs l'idée d'une inscription par "mondanité", il y a eu des exemples concret (balancez les noms :lol: )? ou cela viens d'une sensation?
Je ne prétends pas connaître d'exemples concrets, mais je sais que j'ai failli y céder moi-même. (Failli, donc je ne suis pas un exemple concret, si ? ^^) En l'occurrence, c'était pour Prima la Musica. J'estime beaucoup les orgas de ce jeu, je sais qu'ils m'ont déjà fait vivre des trucs que j'ai bien apprécié. J'ai vu également un grand nombre de joueurs que j'estime beaucoup également qui ont accouru lors de la pré-inscription. Du coup, je me suis dit "Merde alors, il faut en être ! Y a pleins de gens super cools et le GN a de fortes chances d'être bien !"

Et puis j'ai réfléchi. Le coût du GN (non négligeable), son époque (qui ne m'inspire pas plus que ça et me foutait la pression pour le costume), son thème (rien de franchement prohibitif, loin de là, mais rien qui n'évoque non plus chez moi un "Oh oui, je kiffe grave !" ; en fait, le thème auquel je ne connais pas grand chose ne tentait pas plus que ça), son format (un peu court pour moi au vue de l'investissement général)... et bref, j'ai laissé tomber, en me disant que je préférais chercher un GN qui me correspondrait mieux, et ainsi laisser la place à ceux qui en ont vraiment envie sur celui-là.

Pour autant, si j'avais été dans une période de ma vie où j'avais plus de thunes, plus de temps, plus d'occasions générales de faire du GN (et donc moins d'obligation de sélectionner), il est probable que je me serai beaucoup moins posé la question, et que j'y serai allée, juste parce que ça avait l'air d'être "The place to be". Pour autant, le thème, l'époque et le format n'aurait pas plus correspondu à mes envies (qui peuvent évoluer notez bien). Pour autant, enfin, je suis également certaine que le GN m'aurait sans doute plu quand même !

Bref, je suis heureuse que la question ait été posée. Il est important d'avoir conscience du sujet, surtout en tant qu'orga enthousiaste qui a grave envie de faire partager son jeu à la terre entière :p Il est évident qu'il ne doit pas y avoir de pression individuelle ou de culpabilité, d'où la nécessité d'en parler. Mais pour le reste, l'effet de mode et de groupe est-il forcément un problème ? Je n'en suis pas sûre et je rejoins l'analyse de Saki quant à la différence entre les joueurs sélectifs et les joueurs voraces. À mon avis, c'est pas mal au cœur du sujet.
Stan
Murder 2000
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Enregistré le : lun. 20 mars 2017 14:17

Re: La communauté du GN ou une histoire de pression sociale

Message par Stan »

Bah tu vois Erastide, en lisant ton témoignage je ne vois pas où la "dimension mondaine" (concept à breveter) de ta tentation d'inscription. Tu as pensé à t'inscrire car :
-Tu as apprécié les précédents GN des orgas
-Tu as vu plein de potes que tu apprécie s'inscrire et tu as eu envie de jouer avec eux

J'ai pense que pour beaucoup de gnistes de France et de Navarre, ces deux raisons se suffisent pour justifier leur motivation à s'inscrire.

(Joueur Vorace, j'adore je vais faire des badges ^^)
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