QM 174 : Tomber amoureux en GN...

[Fredou]

Ah mais je n'ai jamais dit que les gens le mettaient dans une fiche. 99% du temps, ils ne diront rien, alors que souvent pour certaines interactions "amoureuses" leur jeu en serait affecté.

Il y a sans doute une volonté de ne pas étaler leur vie privée ou de ne pas revenir dessus, d'autant qu'on ne parle pas que de relations "officielles" mais d'un large panel de déboires sentimentaux dont des histoires plus officieuses, des "râteaux" donnés ou reçus, ... Certains peuvent craindre aussi parfois que cela puisse empêcher ou compliquer leur participation. Enfin, le plus souvent, ils ignorent totalement que leurs "ex" sont en lice pour le même jeu sur la même session.

Il m'est arrivé dans un casting d'avoir un pote qui avait 4 ex parmi les 8 joueuses présentes. Rien dans sa fiche.

D'où l'importance de tenir un "Qui-Baise-Qui" à jour et, surtout pour un jeu fortement basé sur des histoires amoureuses, de connaître à minima les joueurs. En cela, un réseau d'anciens joueurs collaborant au casting peut aider considérablement à étendre cette connaissance. Un ancien m'a prévenu par exemple que je m’apprêtais à caster une fille avec un gars dont elle était profondément amoureuse dans la vie et qui lui avait dit un grand "non". Autant dire que la relation en jeu aurait sans doute très très mal fonctionné. J'en ai plein mon sac des comme ça.

[Lila]

Ouais, quand on gère des inscriptions, c'est toujours un truc à prendre en compte si dans le jeu il y a des interactions fortes entre certains personnages. Après, faut pas non plus se mettre à la place des autres.
J'ai aucun ex dans le milieu du GN et j'espère ne jamais en avoir, parce que j'ai vraiment l'impression que c'est pas facile. Et je ne parle pas que dans la communauté parisienne. C'est juste que cette communauté joue plus avec ces thèmes là, quand les communautés locales sont plus sur d'autres thèmes, plus léger ou en tout cas moins bleedesques.

[Cire de Sacub]

hé bé... ch'uis pas dans la merde pour mes futurs castings en solitaire provincial au pied des Pyrénées. Vu que le "qui baise avec qui" est un système d'information qu'il faut se construire (ces choses ne circulent pas, sauf si Frédou accepte de me faire des organigrammes sexuels), je vais devoir m'en référer à ma bonne étoile.

[Thomas B.]

En tant qu'orga quand je suis au courant d'anciennes histoires, je préviens les gens de la présence de leur ex dans les inscrits et je leur demande si c'est OK pour eux. Si je suis pas au courant et qu'ils ne disent rien, ça devient compliqué. Mais je fais surtout des petits GN donc ça aide.

Après j'ai eu des gens qui n'étaient pas de ex, ne pouvaient pas se blairer, mais étaient près à être dans un même GN de moins de 20 personnes, du moment que leurs persos n'avaient pas d'interactions majeures prévues. Et ça c'est bien passé.

Sur la formation de couple:

Le GN fait partie de ces activités qui encouragent la formation de couples "durables", pour tout un tas de raison évoquées par tout le monde. Perso je pense que l'endogamie de classe sociale (on se reproduit dans le même milieu) et le fait de partager une "passion chronophage et un peu bizarre vue de l'extérieur" font bien plus que le bleed.

Mais pour (pour une fois ) abonder un peu dans le sens de Cire:

En matière de séduction pure et simple, les arts passifs (théâtre, musique etc) ont un avantage de malade en faveur des performeurs par l'asymétrie qu'ils imposent entre performeurs et public.

Dans un GN, tout le monde est performeur, donc même si on peut avoir une scène particulière, ou un rôle visible etc, les rapports de base entre participants sont quand même assez égalitaires. C'est un truc qui dérange souvent les théâtreux d'ailleurs
Les orgas sont un peu à part vu que leur rôle peut varier du prestige du démiurge à des rôles de service pas forcément glamour. Donc la séduction se fera avec les rapports habituels qu'il y aurait dans la vie de tous les jours, moins quelques barrières vu qu'on vient de vivre un truc ensemble, on s'est un peu révélé etc.

Mais dans les arts passifs, les performeurs sont littéralement sous le feu des projecteur, en hauteur, sur la scène, le centre de l'attention. Et à moins de se planter gravement dans la dite perfo, ils bénéficient d'une aura vis-à-vis du public bien supérieure à des GNiste entre eux. Donc sans rien faire, la personne qui descend de scène et va boire un coup au bar après sa perfo démarre avec un *gros* avantage par rapport au GNiste qui va papoter à la fin du GN.

J'ai vécu ça dans le slam, rien que le fait de faire partie des performers dans une scène libre te rends intéressant pour un certains nombre de personnes du public. Sans aller sur les stéréotypes sexistes de la groupie qui se jette dans ton pieu, faire partie des artistes te rends immédiatement assez attirant. Et ça fait bizarre.

[Pégase]

Pardon si je suis hors sujet, mais qu'entends-tu par "Art passif" ? Je ne comprends pas bien. J'ai compris que dans le GN, tout le monde est performeur (acteur, actant donc) mais qu'au théâtre, le comédien est performeur (acteur) face à un spectateur passif ; ok. Donc le théâtre est un art passif ? N'est-ce pas le cas de toutes les formes d'art en général : les artistes sont les actants et ceux qui regardent sont passifs (aucune interaction avec l’œuvre ou le spectacle, sauf exception) ?

[Thomas B.]

La plupart des formes d'arts classiques sont effectivement des arts passifs. Après il y a du théâtre interactif (souvent décevant pour un GNiste habitué à de la vraie co-création), des performances d'art contemporain où le public fait vraiment partie de la perfo et elle ne pourrait pas avoir lieu sans lui ou des installations qui ne fonctionnent que si on interagit avec elles. Donc là ce sont bien des arts actifs.

"Art passif" est un terme qui énerve souvent les musiciens et les acteurs ("ouais mais tu vois, mon public par ses réactions modifie totalement l'ambiance et donc est co-créateur") mais pour moi ça reste des arts passifs avec des rôles clairement séparés.

Le GN ne peut être créé et entièrement apprécié que si toutes les personnes présentes contribuent, sont co-créatrices et imaginatrices, d'où le côté art actif / participatif. Et cette structure beaucoup plus égalitaire donne moins de prestige que les structures classiques inégalitaires.

[Pégase]

Ok, merci.

[Graziella]

Suite à cette conversation très intéressante et que mon "qui baise qui" est loin d'être à jour:) j'en ai conclu qu'il serait peut être mieux de demander aux joueurs "avec qui tu es en confiance pour jouer une relation amoureuse (fille et garçon)"
Il me semble les joueurs seraient plus ouverts et un bon complément de cette horrible lais indispensable question " avec qui ne veux tu surtout pas jouer?"

Donc merci de m'avoir apporté cette solution pour mes prochains jeux

[Fredou]

Dans un jeu sans transparence, les interactions amoureuses étant souvent complexes et avec leur part de secret, ce que tu proposes n'est pas envisageable dans un nombre quand même assez important de cas (et, à titre d'exemple, dans les deux jeux romanesques que j'organise chaque année, cela représente 100% des cas). Principalement parce que la situation initiale des personnages ne permettra pas toujours de savoir clairement avec qui ils auront effectivement des interactions amoureuses au fil du jeu. En cela, un nom ou même une short liste sont autant de spoilers potentiellement dommageables.

Deux autres points majeurs pour moi :
- Ils ne seront susceptibles de donner que des noms de gens qu'ils connaissent. Or, c'est souvent avec des gens qu'ils ne connaissent pas ou peu que des telles interactions seront plus intéressantes.
- Que quelqu'un veuille jouer avec un autre ne signifie pas que l'autre est aussi enthousiaste, et croiser les "préférences" devient compliqué. Si j'accepte toujours une attribution arbitraire, ie au choix de l'organisateur, cela m'a déjà profondément gavé qu'on m'ait assigné quelqu'un parce qu'elle "demandait" à jouer avec moi. On peut en être flatté bien-sûr, mais on peut aussi trouver ça vraiment très relou.

Personnellement, je refuse catégoriquement de tenir compte des "je veux jouer avec". Je prends note seulement des "je ne veux vraiment pas jouer avec" pour éviter les refus de jeu.

[lucieXperience]

- Ils ne seront susceptibles de donner que des noms de gens qu'ils connaissent. Or, c'est souvent avec des gens qu'ils ne connaissent pas ou peu que des telles interactions seront plus intéressantes.

Oui, pour moi c'est ça le point vraiment problématique de ce que tu proposes Graziella.