Bienvenu, visiteur, pour quelques minutes en apnée dans les méandres de ma psyché. N’oubliez pas de prendre une longue respiration avant de plonger, au risque de boire la tasse
Je m’appelle Romain, mais beaucoup (trop ?) de gens m’appellent Josef, et j’ai 24 ans.
J’ai vécu de Janvier 2011 à juin 2013 au Québec, et c’est durant l’été 2011 que j’y ai participé à ma première organisation, par « dépit ». Je n’avais joué que 5 jeux en France à l’époque (dont 1227 année hérétique des Joyeux et la murder Cœur de Pierre de Frédou).
Depuis lors, je sers le GN et c’est ma joie.
J’ai scénarisé par la suite au Québec des jeux dans une grande variété d’univers et sur un vaste panel de formats (tant en terme de nombre de participants qu’en durée). J’ai tenté, gauchement, de reproduire les mécanismes qui fessaient le charme des jeux que j’avais joué en France tout en les adaptant à la culture de jeu locale. J’en ai retiré quelques expériences très intéressantes et instructives sur le plan personnel. J’y ai écrit des jeux appréciées par mes amis sur place, mais définitivement en deçà des attentes des joueurs de ce côté de l’atlantique (sauf peut-être des joueurs de mass-larp
). Parallèlement je revenais en France chaque été ou je pouvais participer à 3 ou 4 jeux par an. En particulier j’ai contribué en 2012 et 2013 à la scénarisation d'un "fameux" Mass-Larp de la région Angevine. J’y forme cette année les nouveaux scénaristes, en vue de tirer ma révérence tout en les laissant suffisamment armés pour éviter de tomber dans les écueils qui jonchaient ma route. Qui-sait, seront-ils trouver les petits cailloux blancs que j’ai semés sur mon chemin, ce qui les amèneraient très probablement ici.
Depuis juin 2013 je suis de retour en France, j’ai joué beaucoup de jeux depuis cette date, en partie à cause du manque, mais également car j’avais eu très peu d’occasion de jouer des huis-clos. Je m’étais fait la promesse de ne pas organiser un scénario avant de l’avoir joué.
Ainsi, même si je ne me classe pas dans la catégorie « débutants », je n’ai pas encore joué un certain nombre de « grands-classiques » des huis-clos, mais j’ai tendance à vouloir rattraper le temps (perdu ?) très (trop ?) rapidement.
Je ne suis pas un joueur expansif. Sans être pour autant effacé, j’ai toujours joué plus dans l’aspect intellectuel des jeux, l’enquête, les intrigues, que dans l’aspect théâtral, même si cet aspect m’attire également. Naturellement je n’ai pas un charisme qui « crève l’écran ». Je n’ai pas encore assez d’assurance, d’expérience, ou de confiance en mon jeu pour savoir si mon interprétation est morne et inexpressive, satisfaisante, ou si au contraire je suis dans le sur-jeu. Heureusement l’immersion dans mon rôle me permet en général d’inhiber totalement ce stress de performance. Et tant-bien même, petit à petit, je sens que je progresse et gagne peu à peu en confiance au fil des jeux.
J’aime à penser que c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Ainsi, quasi-systématiquement je remplis les formulaires de casting en désignant ce que j’ai l’habitude de jouer, en précisant aux organisateurs que c’est ce que je jouerais avec le plus d’aisance et de facilités, mais que si ils désirent prendre le risque de me faire prendre des risques et de sortir de mes « sentiers » battus j’en serais le premier comblé.
Soit dit en passant, je comprends mal l’intérêt de la question quasi-systématiquement-obligatoire sur les questionnaires de casting « Quel type de rôle désire-vous jouer ? ». Je comprends que des gens aient des préférences, mais pourquoi rendre cette question obligatoire ? Personnellement je désire explorer et expérimenter de nouveaux types de jeu, je désire être surpris par des choix que j’aurais peut-être eut du mal à faire de mon propre chef, ou que je n’aurais même pas envisagé. Je pars du principe, bien évidemment, que sur un jeu abouti chaque rôle vaut la peine d’être joué autant que les autres. Et avant de les avoir joué je considère chaque jeu en lesquels j’ai placé ma confiance comme des jeux aboutis. Cela fait partie pour moi du contrat tacite que je passe avec les organisateurs. Ainsi, si tous les rôles valent la peine d’être vécus, le choix à pour moi peu de sens et j’aimerais parfois qu’on me laisse plus souvent le choix de ne pas en faire. C’est aussi pourquoi je « détourne » systématiquement cette question comme je l’ai expliqué auparavant.
Pour continuer sur ces fameux formulaires, on y pose souvent la question : « Pourquoi faites-vous du GN ? » ou « Que recherchez-vous en GN ? » ou moins bien formulé « Pour vous c’est quoi un bon GN ? » (Je crois autant au « bon GN » qu’au « bon Joueur » c’est-à-dire pas du tout ^^). J’y réponds toujours laconiquement (si, si c’est possible ^^) par : « Partager du plaisir » ou « Nous faire plaisir ». Peut-être que j’élude la question, peut être que détailler ma réponse prendrais trop de temps.
Je vais donc essayer de vous dire comment je prends mon plaisir en GN et comment je tente d’en communiquer aux autres joueurs :
Bien évidemment ça passe par un scénario structuré mettant en scène des personnages qui valent la peine d’être joué tous autant les uns que les autres (comme je l’ai dit plus haut), un casting adapté, interprété par des joueurs suffisamment investis dans leurs rôles pour simuler et auto-entretenir l’immersion mutuelle.
Cela passe également par une certaine dose de défi dans le système de jeu, tant dans le couple système-joueur que dans le couple système-joueurs. Il faut pour moi à la fois que le système sache prendre en compte et récompenser l’initiative et la prise de risque individuelle tout en incitant par sa structure même, l’échange et la circulation d’information entre les protagonistes.
Les principaux défis, initiatives, et prises de risques deviennent donc lié à la maîtrise de l’information : Ce que l’on choisit de révéler et ce que l’on choisit de taire. Où, comment, et quand on choisit de divulguer une information, et ce que l’on espère apprendre en retour ou en conséquence. Ce type de jeu repose à 98% de l’interaction verbale ou physique (au sens postures etc) (mais comme je ne suis pas un joueur très expansif j’ai appris à exploiter les 2% restants à 200% de leurs capacités).
Enfin, en conclusion, j’analyse le plaisir que j’ai pu prendre à jouer lors de mes expériences de jeu optimales comme un état de Flow de dimension 2 à 3 :
- FlowD2 : "Perception altérée du temps - Hors de temps - Concentration totale sur le présent, on ne voit pas le temps passer" (Csikszentmihalyi, 2004)
- FlowD3 : "Absence de préoccupation à propos du soi - dilatation de l'ego - Perte de la conscience de soi - Sentiment de sérénité - pas de préoccupations à propos de soi-même, impression de sortir au-delà des limites de l'ego - après coup, sentiment d'avoir transcendé l'ego à tel point qu'on ne croyait pas cela possible" (Csikszentmihalyi, 2004)
Pour finir cette (trop ?) longue (et ennuyeuse) introspection je vais défoncer des portes ouvertes, comme j’aime le faire souvent :
Si je ne contrôle pas, j’écris trop et je parle trop et j’ai de la difficulté à synthétiser mon propos. Ma pensée suis des chemins tortueux, alambiqués, et j’aime communiquer à mes interlocuteur non seulement mes idées, mais également les chemins qui m’ont mené à ces idées, les raisons et justificatif de mes convictions. Pour moi une pensée hors de sa structure est comme une citation hors de son contexte : Elle peut avoir une très belle valeur formelle mais son interprétation est nécessairement subjective et implique en conséquence toujours le risque d’une incompréhension.
Pour avoir longtemps administré des forums (au sujet du GN et sur d’autres thèmes) et pour continuer à le faire, je pense que la majorité des incompréhensions et conflits dans la communication moderne proviens de cette couche d’interprétation. Peut-être que ma démarche de précision est une parade, une esquive, une feinte, pour éviter par avance les hypothétiques incompréhensions donc les hypothétiques conflits. Probablement même.
Ainsi désolé par avance pour ne pas être capable d’exprimer simplement ma pensée, sur ce point aussi j’essaye d’évoluer, petit à petit.
Et enfin je vais répondre à la question : « Pourquoi je suis ici ». Suite à tout ce chemin je désire écrire des jeux plus aboutis, plus intimistes, que ce que j’ai fait auparavant. J’avais déjà essayé au Québec sans être satisfait par mes résultats, probablement car je n’avais pas les interlocuteurs ou les méthodes pour y parvenir, sans compter que j’ai un stress face à l’écriture d’une nature similaire à celui que j’ai face à mes performances d’interprétation même si le plaisir d’écrire et de faire jouer en vaut au centuple la chandelle.
J’écris présentement un huis-clos dont le thème touche de près ou de loin à l’Égypte Antique (d’où mon avatar), un ami dont je tairais le nom (à lui de se dénoncer si il le souhaite) m’a promis de relire mon scénario et de m’aider à l’améliorer dès que j’en aurais une version à peu près complète.
J’ai plusieurs autres projet à plus long terme, le plus concret d’entre eux est un jeu à environ 50 joueurs, mais il n’en est encore qu’au stade embryonnaire.
En bref, je viens vers vous m’instruire et trouver conseils.
PS : Excusez-moi pour les éventuelles, fautes qui se seraient malencontreusement glissés dans cet écrit ou dans les suivants. Même si cela ne m’excuse en rien je souffre d’une légère dyslexie, voici encore un de mes moindres défauts.
Welcome.
